La Liberté

Chris Rivera et ses maîtres

«Bienvenue au club!» • L'ancien Grenat Chris Rivera n'a pas raté ses débuts avec Gottéron. Il faudra encore un peu de temps, toutefois, avant qu'une partie du public fribourgeois salue ce joueur au caractère hors du commun…

Avec le départ de Rivera, le GSHC vient de perdre un peu de son sang. Et Christian Dubé, lui, vient peut-être de réussir une des affaires de l'année. © McFreddy
Avec le départ de Rivera, le GSHC vient de perdre un peu de son sang. Et Christian Dubé, lui, vient peut-être de réussir une des affaires de l'année. © McFreddy
Chris Rivera et ses maîtres © McFreddy
Chris Rivera et ses maîtres © McFreddy
Avec le départ de Rivera, le GSHC vient de perdre un peu de son sang. Et Christian Dubé, lui, vient peut-être de réussir une des affaires de l'année. © McFreddy
Avec le départ de Rivera, le GSHC vient de perdre un peu de son sang. Et Christian Dubé, lui, vient peut-être de réussir une des affaires de l'année. © McFreddy
Chris Rivera et ses maîtres © McFreddy
Chris Rivera et ses maîtres © McFreddy

Pascal Bertschy

Publié le 16.09.2015

Temps de lecture estimé : 4 minutes

A Fribourg, en début de semaine, les tronches d'enterrement! En voyant la tête de nombreux supporters, j'ai cru d'abord que Fribourg-Gottéron avait embauché un égorgeur de l'Etat islamique, un tueur en série, un trafiquant de sang contaminé, voire un type qui avait exercé tour à tour ces différents boulots.

Fausse alerte! Vérification faite, le club de St-Léonard a simplement recruté Chris Rivera, laissé libre par Genève-Servette. Rivera à Fribourg! Moi aussi, ça m'a fait drôle. Comme tout le monde, je l'imaginais aux Vernets pour l'éternité.

J'ai vu jouer bien des fois le numéro 26 genevois, ces dernières années, et il m'a souvent épaté. Chris Rivera n'est ni un virtuose, ni le gars qui possède les mains les plus magiques du championnat, mais quel cœur! Vous surprendrais-je en disant que j'ai un faible pour ce genre de gars?

Un choléra pour chaque adversaire

Rivera: le parfait joueur d'équipe, le gratteur qui va bosser dans les coins, la tête brûlée toujours prête à se péter quelques dents pour son club. Et un éreintant qui ne lâche rien, avec ça, un choléra pour chaque adversaire.

Chris McSorley, en poussant à bout son guerrier lors d'un vif échange dans les bureaux des Vernets, a quand même un peu déconné. Avec le départ de Rivera, le GSHC vient de perdre un peu de son sang. Et Christian Dubé, lui, vient peut-être de réussir une des affaires de l'année.

Dubé a sauté sur l'occasion

Des joueurs au cœur de lion, depuis deux saisons, n'est-ce pas ce qui fait un peu défaut à Gottéron? Dubé pouvait engager une teigne susceptible de faire du bien à son équipe, il a sauté sur l'occasion, et n'importe autre quel directeur sportif aurait fait de même dans cette configuration.

Oui peut-être, monsieur le chroniqueur, mais ça ne répond pas à la question que posent environ dix millions de supporters fribourgeois: «Qu'est-ce que ce con vient foutre chez nous?» La question qui tue. Celle qui suscite depuis lundi des mines dégoûtées. Et rallie la foule. Ouais c'est vrai, ça, serions-nous devenus fous pour engager un mec qui nous hait?

«Je n’aime pas Fribourg-Gottéron», voilà ce que Rivera avait un jour affirmé. Voulez que je vous énerve encore un peu? Sa sortie m'avait plu. Et Gottéron, ce n'est pas la question. S'il avait dit qu'il n'aimait pas Kloten, le chou-fleur ou les chansons d'Henri Dès, ça m'aurait plu tout autant. Elle montrait le caractère du bonhomme. 

Enfin un hockeyeur qui dit quelque chose! Soudain, ça nous changeait de tous ceux qui ne disent jamais rien. Sinon qu'il faut prendre les matches les uns après les autres, qu'il faut garder la tête froide malgré cette victoire, ou cette défaite, et blablabla et blablabli.

Le jeune emporté par son élan

En 2010, quand il a fait sa sortie, la rivalité Fribourg-Genève faisait rage et Chris Rivera la vivait à fond la caisse. Il avait envie de dire de façon un peu originale qu'il adorait son club et paf, la gaffe! N'a rien trouvé de plus malin que «je n’aime pas Fribourg-Gottéron, je déteste ce club». 

Rivera avait 23 ans. L'âge où on ignore en général que le pouvoir des mots est immense, que des choses qui n'existaient pas parce qu'elles n'avaient jamais été formulées se mettent soudain à vivre. Chris Rivera, ce jour-là, a donc gagné: aux yeux d'une partie du public dzodzet, il restera pour la vie ce-salaud-qui-nous-déteste.

Il a trouvé à qui parler

Mardi, l'attaquant genevois a fait savoir qu'il regrettait ses propos de naguère et a réussi ses débuts fribourgeois contre son ancien club. De quoi te plains-tu, cher supporter? Me plains que Rivera n'a rien à foutre chez nous, na! 

Résumons. Un joueur au caractère hors du commun a débarqué à Fribourg, se saignera désormais pour Gottéron au lieu de lui empoisonner la vie, et il se trouve une multitude de supporters fribourgeois pour détester cette idée.

Dans la détestation, rien à dire, Chris Rivera vient de trouver ses maîtres.

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