La Liberté

Etre gay, c'est pas triste!

Aux Etats-Unis, le basketteur Jason Collins vient d'entrer dans l'histoire. Comment? En sortant du placard.

Pascal Bertschy

Publié le 01.05.2013

Temps de lecture estimé : 3 minutes

A vous dégoûter d'être hétéro! Jason Collins révèle son homosexualité et, en quelques heures, ce basketteur jusque-là anonyme de la NBA devient aussi célèbre que Michael Jordan. Des médias au grand public, de Barack Obama à Bill Clinton, en passant par les pros du sport nord-américain, tout le monde se lève pour Jason et salue son courage. Tir à trois points! 

Collins a-t-il eu du cran? Ben oui, quand même. Longtemps, pour assumer sa «différence», il y avait un prix à payer. On a certes changé d'époque, de mentalité, mais il fallait pourtant oser. Un athlète qui se dit gay, c'est comme un grand couturier qui proclamerait son hétérosexualité: cela demande un certain culot. 

D'ailleurs, Jason Collins a bien fait d'attendre d'avoir 34 ans et sa fin de carrière pour faire son coming out: c'était plus prudent. Le sport n'est pas toujours joli joli. On a l'esprit moins ouvert, sous les douches, que dans le show-biz. Tapette et pédé sont des mots qui reviennent souvent dans les plaisanteries de vestiaires. Homosexualité, d'abord, comment écrivez-vous ça? Et qu'est-ce que c'est, hein, au juste?

Cette semaine, il y a eu encore cette étude commandée par l'association Paris Foot Gay. Selon elle, le milieu du football professionnel est plus homophobe que la moyenne sportive. Les pros du ballon rond ont, pour la moitié d'entre eux, «des pensées hostiles envers les homosexuels». Etonnant: quoi, 50% d'allergiques? Seulement? Cela m'a paru peu. Il est vrai que ce chiffre concerne uniquement la France, qui est une exception culturelle en tout.

En tout cas, moi, j'espère que les footeux ne changeront pas de sitôt. Si elle disparaissait, leur homophobie me manquerait. Voir ces types qui sont hétéros à mort, mais s'embrassent, se foutent à moitié à poil et improvisent des partouzes géantes en se sautant dessus au moindre but, c'est trop drôle!

L'attitude du public mérite, elle aussi, d'être soulignée. Les spectateurs se choqueraient, pour la plupart, de voir deux hommes ou deux femmes se donner tendrement la main. En même temps, les supporters ne pensent qu'à ça. Remettent sans cesse en cause l'hétérosexualité de l'arbitre, quand ils ne se vantent pas d'avoir eux-mêmes des pratiques sodomites. L'arbitre, l'adversaire, ils les enc…!  C'est vrai dans les stades de foot, c'est encore plus courant dans les patinoires parmi les virils amateurs de hockey.

Moi qui n'ai jamais hué personne, je concluerai en ayant une pensée admirative pour les champions qu'ont été John Curry, Greg Louganis, Martina Navratilova et Anja Paerson. Pensée affectueuse, aussi, aux cyclistes à qui on crie «Vas-y, pédale!» depuis le bord des routes et qui s'en moquent. Respectueux câlin à ce génial ailier gauche qui, plutôt que de jouer dans un grand club européen, préféra rejoindre la banale équipe dont son amant défendait les buts. Big bisou à l'ancien président de Watford, Sir Elton John. Et clin d'œil au gros Ronaldo qui avait, un soir à Rio, loué les services de prostituées ayant – ô surprise! – quelque chose en plus. 

L'important, qu'on soit gay ou pas, est de fuir les tristes.

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