Coup de frein aux abus
Serge Gumy
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En allemand, elle se dit le «Parti suisse du peuple». Pourtant, hier, ce même peuple a désavoué l’UDC pour la deuxième fois consécutive sur l’immigration, son sujet favori. Et avec quelle netteté! La formation nationale-conservatrice n’a convaincu qu’un votant sur trois, à peine mieux que son électorat. Pas de fossé donc, cette fois-ci, entre les «élites» et «les vrais gens», que dénonce la ritournelle populiste. Les Suisses ont au contraire témoigné leur confiance dans leurs institutions - le Conseil fédéral, le Parlement et les cantons.
Certes, l’UDC n’a pas vraiment fait campagne, préférant garder munitions et trésor de guerre pour d’autres batailles. Sans doute le cuisant échec de son initiative pour le renvoi effectif des étrangers criminels, le 28 février dernier, a-t-il aussi incité le parti à la réserve; car si bon nombre de citoyens sont sensibles à son discours de fermeté en matière d’immigration, ils ne goûtent plus ses excès. «Halte aux abus», en l’occurrence de mauvaise foi: le slogan souvent utilisé par l’UDC sur l’asile lui est revenu comme un boomerang. Le souverain n’a en effet pas compris qu’elle s’oppose à une accélération des procédures et à une rapide clarification du sort des requérants. A tort ou à raison, l’asile est perçu comme un problème prioritaire par le peuple. Celui-ci attend cependant des solutions, pas seulement une stratégie d’obstruction.
Battue, l’UDC n’a pas pour autant perdu son emprise sur le dossier de l’asile. En atteste l’appel immédiat des présidents du PDC et du Parti libéral-radical à de nouveaux durcissements, notamment vis-à-vis des Erythréens. En outre, la loi adoptée dans les urnes ne règle pas la question des renvois des personnes déboutées. Enfin, en cas de fort afflux migratoire, Albert Rösti et ses troupes ne manqueront pas d’en rendre responsable Simonetta Sommaruga. La ministre de l’Immigration ne pourra donc pas se reposer sur cette victoire d’étape.