La Liberté

«C’est un vrai personnage»

Batailleur, goguenard, pleurnichard, revanchard et tout vert, voici le dragon d’Alex. Depuis des années, il rend compte dans «La Liberté» des aventures et mésaventures du club de hockey de Gottéron. Ce week-end, il a quitté sa grotte et nos colonnes pour s’exposer à Belfaux. Rencontre avec Alex, dessinateur de presse et acolyte de longue date du dragon de Gottéron.

Le dragon, un personnage attendrissant. © Alex
Le dragon, un personnage attendrissant. © Alex
«Le dragon a quelque chose d'attendrissant,» apprécie Alex. © Alain Wicht/La Liberté
«Le dragon a quelque chose d'attendrissant,» apprécie Alex. © Alain Wicht/La Liberté

Aude-May Lepasteur

Publié le 07.11.2016

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Votre dragon, d’où est-ce qu’il vient?

Alex: Selon la légende, un ­dragon serait tapi dans une grotte de la vallée du Gottéron. C’est Hubert Audriaz qui l’en a fait sortir en créant la mascotte du club. Je me suis inspiré de cette dernière pour façonner mon dragon.

Entre vous et lui, c’est une longue histoire. Vous avez ­commencé à le dessiner dès vos débuts à La Liberté?

Non, la première apparition du dragon doit remonter à une dizaine d’années. Je crois que c’était quand von Mentlen, alors directeur de Fribourg-Gottéron, s’est fait virer. Avant, j’ai eu dessiné des joueurs ou des gardiens, par exemple.

Après tout ce temps, vous ­l’aimez toujours?

Bien sûr! Parce que je suis paresseux. Imaginez… dessiner une équipe, c’est quarantequatre patins et huitante-huit bouts de lacets, sans oublier les casques, crosses, maillots, etc. Le dragon, c’est beaucoup plus simple!

Plus sérieusement, c’est un animal imaginaire, je peux lui faire faire n’importe quoi. C’est super! Je suis toujours content quand je peux sortir le dragon.

En dédicace, les gens vous ont souvent demandé le dragon ce week-end. Comment expliquez-vous sa popularité?

Elle tient surtout à l’amour que porte le peuple fribourgeois à son club de hockey. Cette histoire d’espoirs éternellement déçus, ça plaît à tout le monde. Le dragon a quelque chose d’attendrissant, il est souvent dans de sales situations. Le jour où Gottéron gagnera, où le dragon sera triomphant, quelque chose sera brisé.

Votre dragon, c’est un animal d’actualité. Il vit au rythme de la presse quotidienne. Pour l’exposition, vous l’en avez sorti, et ça marche…

Quand on est dessinateur de presse, on réagit aux événements. Il est rare qu’on ait un personnage. C’est aussi pour ça que j’aime mon dragon: c’est un personnage à part entière. Même sorti du cadre où il est né, on sait ce qu’il est, ce qu’il représente.

Justement, le dragon ­représente le club, mais c’est aussi vous, non?

Il tient de moi, oui. C’est mon regard sur le club. En un certain sens, on peut dire qu’il me ressemble.

Alexandre Ballaman dessine pour «La Liberté» depuis 2000.


 

Un recueil contre la peur

Hasard du calendrier, c’est ces jours-ci également que sort le septième recueil de dessins de presse d’Alex, intitulé Même pas peur. L’ouvrage revient sur les événements marquants des deux dernières années: le Gothard, le taux plancher, Trump et Blatter; mais aussi les attentats terroristes et la crise des migrants. Une cuvée où l’amusement cède, plus souvent qu’à l’habitude, la place à la tristesse. «Il faut dire que le climat n’est pas très gai. Ça me désole de dessiner sur des thèmes pareils, mais en même temps, j’en ai besoin.»

Une atmosphère violente qui n’épargne pas l’esprit des Suisses. La couverture le dit bien: on y découvre un Helvète effrayé par sa propre ombre. Alex pour sa part ne veut pas changer, même si le monde a évolué. «Il ne faut pas avoir peur, il faut continuer à vivre, à dessiner.» Même si, comme en dernière page, le sourire parfois est un peu forcé. AML

Alex, Même pas peur, Dessins de presse 2015-2016, La Liberté, 64 pp.

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