La BD en crise? Oui, mais...
Alors que le Festival international d’Angoulême bat son plein, l’historien et théoricien de la BD Thierry Groensteen dresse dans son dernier ouvrage un état des lieux du neuvième art plutôt alarmiste.
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Pour Thierry Groensteen, la bande dessinée serait «à un tournant de son histoire». Précarisation des auteurs, surproduction éditoriale et prolongation infinie de la vie des héros du siècle passé (Lucky Luke, Blake et Mortimer ou Astérix) sont pour lui des symptômes peu rassurants quant à l’avenir de ce marché.
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Heureusement, dans ce flot éditorial gonflé par beaucoup de médiocres productions, quelques réjouissantes nouveautés émergent. Thierry Groensteen livre trois pistes à suivre, avec autant de coups de coeur à la clé (cliquez sur les images pour accéder aux sites des éditeurs):
La BD documentaire
Ou quand la bande dessinée se rapproche du journalisme de reportage pour livrer un autre regard sur le réel. Parmi les pionniers, il faut citer Joe Sacco ou Etienne Davodeau. «J’ai beaucoup apprécié l’album que ce dernier a fait avec Benoît Collombat, Cher pays de notre enfance (Ed. Futuropolis), sur les scandales qui ont secoué la Ve république. Davodeau s’est associé à ce journaliste de France Inter et le travail qu’ils ont fait ensemble est tout à fait remarquable.» Extraits à consulter via ce lien.
La BD et le numérique
Alors que la BD purement numérique connaît un succès tout relatif, les dessinateurs sont de plus en plus nombreux à profiter de l’informatique pour explorer sur leurs planches de nouveaux univers esthétiques. « Je citerais L’été diabolik de Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse (Ed. Dargaud), un champion du dessin vectoriel. Il fait avec l’outil informatique des choses qui sont vraiment étonnantes, ici en recyclant toute une imagerie pop des années 1960. C’est très réussi! ». Extraits à consulter via ce lien.
La BD au féminin
«Les femmes sont encore très minoritaires dans la profession», reconnaît Thierry Groensteen dans son ouvrage, non sans rappeler le scandale qu’avait provoqué en janvier 2016 l’absence de femmes dans la liste des prétendants au Grand Prix du Festival d’Angoulême. Parmi les jeunes dessinatrices prometteuses, car il y en a tout de même fort heureusement, il retient le nom de Sophie Guerrive pour son Capitaine mulet (Ed. 2024). «C’est une espèce de fantaisie épique se passant au Moyen-Age, très réjouissante». Extraits à consulter via ce lien.