Lorenza Mazzetti: Penny et les fascistes, ou le Duce à hauteur d’enfance
Provocant, pétulant et déchirant, le premier roman de l’artiste et autrice italienne fait parler une gamine vivant en Toscane dans les années 1940. Publié en 1960, ce livre autobiographique, d’une grande justesse, reparaît aujourd’hui dans une nouvelle traduction.
Geneviève Bridel
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Les journées de Penny s’écoulent entre ses jeux avec les enfants du vaste domaine que possèdent son oncle et sa tante à Rignano sull’Arno, près de Florence, la classe avec ses chants fascistes, et les efforts du curé pour faire une bonne catholique de cette gamine recueillie par un Juif. Avec, en fond sonore, les tirs des Alliés qui remontent l’Italie.
«Moi je me demande si je peux aimer ma sœur Baby plus que le Duce. Mais j’aime Baby comme Jésus (…) et j’aime Jésus un peu plus que Dieu, et Dieu comme Mussolini, et l’Italie et la Patrie moins que Dieu mais plus que mon ours jaune.» Dès la première page, le ton est donné. Frondeur et naïf, impitoyable et tendre: c’est celui d’une enfant résolue à s’amuser malgré cette guerre dont la fin proche déchaîne les nazis.
Tendre rébellionLa gaieté, l’insouciance mais aussi une certaine cruauté dans le regard d’une fillette confrontée très tôt à la mort imprègnent ce livre. L’éducation bourgeoise, polyglotte et sévère pratiquée à l