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Disque: Beth Gibbons, un retour miraculeux

La voix ensorceleuse de Portishead publie Lives Outgrown, un premier véritable album solo exceptionnel et bercé d’une douceur automnale.

A presque soixante ans, Beth Gibbons n’a plus rien à prouver quant au pouvoir magnétique de sa voix. © Eva Vermandel
A presque soixante ans, Beth Gibbons n’a plus rien à prouver quant au pouvoir magnétique de sa voix. © Eva Vermandel

Jean-Philippe Bernard

Publié le 24.05.2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Au-dehors, on devine que les rues ne sont plus que des rivières de goudron prêtes à se déverser dans la mer. New York en juillet, c’est quelque chose, vraiment. A l’intérieur du Roseland, on est carrément au-delà de la zone rouge. Une canicule, c’est acceptable mais ça…

Impossible de mesurer la température, les thermomètres ont lâché, les uns après les autres. Tandis que l’air devient irrespirable, Adrian Utley découpe la scène à coups de riff pour répondre aux scratches de Geoff Barrow. Dos à la foule, Beth Gibbons finit sa cigarette en se demandant ce qu’elle fiche ici. Trop de monde, trop de délires… Beth, pourtant, se fait violence. Elle s’avance vers le micro. Au contact de celui-ci, sa timidité maladive s’envole.

«Fruit défendu, yeux cachés. Ces politesses que je méprise, vas-y tire…» La voix d’abord caressante passe par tous les tourments avant de finir sur un hurlement de douleur au milieu de l’ouragan sonique. «Parce que personne ne m’aime, c’est vrai… Pas autan

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