Jibcae, grandeur des herbes folles
Thierry Raboud
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Avec Claire Huguenin, l’on se tient en lisière de l’indicible. Aligner les adjectifs comme des perles sur un collier ne suffirait pas: cette diva sans parures semble, à 33 ans, avoir vécu dix vies là où d’autres peinent déjà avec la première. Et inutile de la laisser faire le boulot. Elle-même ne parviendra qu’à s’approximer: multiple, polymorphe, protéiforme, tantôt «individualiste, malléable et profondément aimante», l’instant d’après «nerveuse et fragile» comme un «petit machin peureux»…
Reprenons. Rendez-vous était pris, en cette aurore tiède et printanière, au Jardin botanique de Fribourg. Pour changer, parce que tout s’y éveille et parce que cette biologiste de formation s’y sentirait chez elle. Personne, sinon quelques merles qui dégoisent à l’envi en piailleries cérémonielles. Soudain, deux plantes semblent se mouvoir, là où on n’en attendait qu’une: Claire Huguenin, roseau vivace et musicienne bulloise dont les talentueuses métamorphoses viennent d’accoucher d’un albu