«Ah non, pas toi, papa!» Quand je prends le volant, c’est la même rengaine. Mes enfants boudent ma conduite bernoise et préfèrent le pilotage plus alerte de leur maman. Il faut dire que sur l’autoroute leur passe-temps favori consiste à compter les véhicules doublés. Je passe outre ce dédain filial et me console avec une virginité en matière d’excès de vitesse. Moi, je fais dans l’inertie, dans le stationnement. Je collectionne les contraventions, en toutes saisons. Des bûches à Noël, des amendes aux Rois, des papillons au printemps et des contredanses à la Fête de la musique. En ce moite été qui fermente le cerveau de certains chauffeurs, je collectionne aussi les impolitesses. L’autre jour, j’ai l’incongruité de m’arrêter à un passage piéton. La camionnette qui me talonne m’arrose de pouet-pouet. Lorsque nos chemins se séparent, le petit pois aux commandes me gratifie d’un doigt d’honneur. A quand des prunes personnalisées pour les bornés du bitume? SJ