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Des fragments carbonisés du Pentateuque déchiffrés grâce à un scanner

Archéologie • Un scanner médical et des logiciels de traitements d’images ont permis à des chercheurs de lire le contenu de parchemins fortement abimés découverts il y a une quarantaine d’années. Les travaux se poursuivent sur ce qui s’avère être un manuscrit du Lévitique datant du VIe ou VIIe siècle.

Des archéologues israéliens ont déclaré lundi passé être parvenus, grâce à l’imagerie numérique, à révéler des écrits sur un parchemin de plus de 1500 ans, carbonisé. Ce texte serait le plus ancien depuis les manuscrits de la mer Morte. © capture d’écran d’une vidéo CC(by) VisCenter, centre d’imagerie de l’Université du Kentucky.
Des archéologues israéliens ont déclaré lundi passé être parvenus, grâce à l’imagerie numérique, à révéler des écrits sur un parchemin de plus de 1500 ans, carbonisé. Ce texte serait le plus ancien depuis les manuscrits de la mer Morte. © capture d’écran d’une vidéo CC(by) VisCenter, centre d’imagerie de l’Université du Kentucky.

Joël Burri/Protestinfo

Publié le 27.07.2015

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Des archéologues israéliens ont déclaré lundi passé être parvenus, grâce à l’imagerie numérique, à révéler des écrits sur un parchemin de plus de 1500 ans, carbonisé. Ce texte serait le plus ancien depuis les manuscrits de la mer Morte.

Les rouleaux étudiés ont été découverts il y a 45 ans, rapporte l’agence de presse Reuters. Leur mauvais été empêchait alors leur lecture. Mais l’évolution de l’imagerie numérique et de l’imagerie médicale permet aujourd’hui de virtuellement dérouler et lire ces manuscrits conservés au Musée d’Israël à Jérusalem.

C’est, en effet, un scanner d’imagerie médicale qui a été utilisé pour découvrir le contenu des cendres du manuscrit trouvé en 1970 à Ein Gedi. Le document a été balayé par un tomodensitomètre, qui analyse couche par couche l’absorption des rayons X par un tissu afin d’en faire une image en 3D. Les données ont, ensuite, été traitées à l’aide de logiciels d’imagerie numérique à l’Université du Kentucky.

Sefi Porat, codirecteur de la fouille d’Ein Gedi en 1970, aura donc attendu d’atteindre l’âge de 75 ans pour connaître le contenu de la découverte qu’il avait faite par hasard en étudiant des céramiques. Le premier fragment découvert contient les huit premiers versets du lévitique, le troisième livre de la Torah (Pentateuque). Selon l’archéologue, le parchemin date de l’an 600 environ. L’analyse de son contenu se poursuit et permettra de connaître l’étendue exacte de ce texte.

Ein Gedi se situe à environ 40 km de Qumran. C’est là que, dans les années 1940, avaient été découverts les fameux manuscrits de la mer Morte, 850 parchemins datés entre le IIIe siècle avant Jésus-Christ et l’an 70 après.

Les manuscrits de cette époque sont rares

Contacté par Protestinfo, Innocent Himbaza, pasteur et maître d’enseignement et de recherche en Ancien Testament à l’Université de Fribourg, reconnaît avoir hâte de connaître le contenu de ces nouvelles découvertes: «je suis particulièrement intéressé par le livre du Lévitique dont je suis l’éditeur dans la nouvelle édition de la Bible hébraïque –Biblia Hebraica Quinta» (édition scientifique éditée par la Société biblique allemande sous la houlette de l’Alliance biblique universelle. Elle succèdera à l’actuelle Biblia Hebraica Stutgartensia Hebraica et servira de sources aux traductions de la Bible).

Mais malgré ses espoirs, pour le chercheur, il est trop tôt pour s’enthousiasmer. «L’importance d’une telle découverte dépendra du contenu textuel. Cependant, vu la datation estimée du texte (VIe-VIIe siècle de notre ère) et le passage indiqué du Lévitique (Lv 1,1-8), il ne devrait pas y avoir de surprise. Il faut cependant toujours être prudent tant qu’on n’en connaît pas le contenu exact. On n’est jamais à l’abri d’une surprise.» Ce spécialiste de l’histoire du texte poursuit: «En revanche, la date du texte est intéressante, parce que les mille ans qui séparent d’un côté les textes de Qumran et de l’autre côté des grands codices hébreux sont souvent considérés comme une période sombre sur le plan des manuscrits. Cette découverte vient renforcer le nombre restreint des témoins textuels de cette période.»

Mais une telle découverte est elle rare? «Le terme “rare” est relatif», répond Innocent Himbaza. «Si l’on parle des découvertes comme celles de Qumran, il est extrêmement rare de faire de telles découvertes. En revanche, en ce qui concerne des petits fragments de textes, on les découvre (ou on les redécouvre au fond des malles ou encore dans des collections privées) relativement souvent. A peu près chaque année ou tous les deux ans, on déchiffre ou on fait une nouvelle relecture des textes qu’on possédait déjà. C’est le cas de cette découverte.

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