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Paysans suisses: ça va chauffer ce week-end!

Ras-le-bol paysan • Par solidarité avec leurs collègues européens, les paysans suisses allumeront des feux samedi. Ils placeront aussi des panneaux de protestation.

Ce panneau que l’on peut apercevoir en bordure de route à l’entrée de Riaz est en principe soumis à autorisation. © Vincent Murith/La Liberté
Ce panneau que l’on peut apercevoir en bordure de route à l’entrée de Riaz est en principe soumis à autorisation. © Vincent Murith/La Liberté

Kessava Packiry

Publié le 03.09.2015

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Des feux. Ce seront donc des feux - comme ceux qu’on n’a pas pu voir cette année au 1er Août - que les paysans suisses allumeront ce samedi à proximité de leurs fermes, pour marquer leur solidarité avec leurs collègues européens. Ce week-end se tiendra effectivement à Bruxelles le Conseil des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne (UE). En marge de cette réunion, les organisations paysannes manifesteront dans la capitale belge pour réclamer une autre politique laitière dans l’UE, l’actuelle étant en train de les étrangler. Près de 500 tracteurs en provenance de toute l’Europe sont attendus dans les rues bruxelloises ce week-end.

L’idée des feux avait déjà été évoquée il y a près d’une semaine, dans la grange de Christian Hofmann. Cet agriculteur d’Avry-sur-Matran, initiateur d’un mouvement de ras-le-bol paysan, était parvenu à réunir chez lui 200 collègues de toute la Suisse, via Facebook et le soutien du syndicat Uniterre, pour envisager les actions à mener afin d’attirer l’attention du public et des politiciens sur leurs conditions financières. Mardi soir, ils étaient à nouveau réunis. «Et cette fois, nous étions 600!», se félicite Christian Hofmann.

Situation critique

Lors de cette réunion, la proposition des feux a donc été approuvée. «Nous en ferons dans toute la Suisse», souligne Christian Hofmann. «On parle de plus de 2000 feux à l’échelle romande», confie à «La Liberté» Patrice Borcard, préfet de la Gruyère. Qui a saisi le Conseil d’Etat fribourgeois sur la question de la sécurité et des autorisations. Dans un communiqué diffusé hier, le gouvernement indique ne pas disposer de compétences relatives à l’autorisation ou l’interdiction de feux en plein air (excepté en période de sécheresse). Cette compétence revient aux autorités communales. «Il revient aux organisateurs de ces feux de prendre contact avec leur commune.»

Christian Hofmann sait cela. «Nous avons d’ailleurs rappelé aux participants mardi soir de veiller à prendre toutes les mesures, notamment au niveau de la sécurité.» Le Conseil d’Etat souligne que cette opération de feux de protestation intervient à la suite d’une longue période de sécheresse en juillet et août. «Même compte tenu des précipitations intervenues mardi, la situation reste critique et le danger d’incendie marqué», insiste-t-il. Les conditions strictes devront dès lors être impérativement observées. Comme l’interdiction de faire des feux en forêt ou à proximité; la surveillance des feux en permanence jusqu’à leur totale extinction; le respect des distances de sécurité par rapport aux bâtiments, selon les conditions météorologiques et le type de bâtiment.

La betterave va mal

Patrice Borcard relève que les préfectures doivent être contactées au cas où d’autres manifestations en marge de ces feux seraient organisées. Pour l’heure, le préfet de la Gruyère n’a reçu aucune demande en ce sens. Mais ça ne devrait pas tarder. «Dès lundi, nous commencerons à poser des panneaux au bord des routes du pays pour exiger un marché équitable en Suisse», relève Christian Hofmann. Et poser un panneau au bord des routes, ça nécessite une autorisation. «Etant donné que nous sommes là dans le domaine d’une protestation limitée dans le temps, une forme de tolérance peut être appliquée», concède Patrice Borcard. Comme cela peut être parfois le cas en période électorale.

Enfin, mercredi prochain dès 19 heures, les paysans envisagent une grande manifestation, à Kirchberg (BE), pour protester contre les prix bas de la betterave sucrière. «Il y a 10 ans, nous touchions 9,8 francs pour 100 kg de betteraves. Cette année, nous en sommes à près de 4,5 francs. Et pour 2016, le prix a été fixé à 3,7…», illustre Christian Hofmann.

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