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Les candidats se bousculent au portillon

Conseil National • Ils seront 132 à se disputer les sept sièges fribourgeois à la Chambre du peuple. C’est trente-trois de plus qu’il y a quatre ans. Une inflation qui s’explique par la multiplication des listes jeunes.

Nombre record de candidats fribourgeois aux élections fédérales © Alex
Nombre record de candidats fribourgeois aux élections fédérales © Alex
Les candidats se bousculent au portillon
Les candidats se bousculent au portillon
Jamais la Coupole fédérale n’a fait saliver autant de Fribourgeois. © Alain Wicht-A
Jamais la Coupole fédérale n’a fait saliver autant de Fribourgeois. © Alain Wicht-A

Patrick Pugin

Publié le 25.08.2015

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Ils seront finalement 132, le 18 octobre prochain, à briguer l’un des sept sièges fribourgeois au Conseil national (voir le détail en page 10). Soit trente-trois de plus qu’il y a quatre ans. Un record: jamais encore les prétendants n’avaient été aussi nombreux.

Comme nous le relevions voici un mois, cette abondance de candidats s’explique par la multiplication des listes estampillées «jeunes» («LL» du 29 juillet). Toutes les formations politiques ou presque s’y sont mises. La relève se présente ainsi sur pas moins de neuf listes, dix si l’on tient compte des «Entrepreneurs et jeunes» du Parti vert’libéral (PVL). Au total, 65 novices se présentent sur la ligne de départ… sans autre objectif que d’apporter des suffrages à leurs aînés et de se profiler pour les prochaines échéances communales et cantonales. Ce coup de jeune n’est pas sans conséquence sur la moyenne d’âge des candidats, qui ne s’élève qu’à 36 ans.

Hier à midi, dernier délai pour les déposer, aucune liste nouvelle n’est venue s’ajouter à celles déjà annoncées. Pas de mouvement citoyen, ni de petits partis n’ont rejoint la fête. Quelques petits changements, par contre, ont été opérés depuis les assemblées électorales. Le PVL, en particulier, a passablement revu sa stratégie. Alors qu’il présentait quatorze candidatures en juin dernier, il se retrouve aujourd’hui avec onze postulants. Trois femmes se sont depuis désistées. A l’inverse, du côté du Centre-gauche PCS, le catalogue s’est enrichi de deux noms supplémentaires. Reste que, contrairement aux espoirs de la formation, ni l’un ni l’autre - bien que germanophones - ne sont Singinois. Gênant alors que ce district est censé être l’un des réservoirs chrétiens-sociaux.

Moins d’un tiers de femmes

L’abondance de prétendants profite à la gent féminine. Elles sont 39 à affronter le verdict des urnes, relève le communiqué de la Chancellerie d’Etat. C’est quinze de mieux qu’il y a quatre ans, où elles ne représentaient que 24,2% du total des candidats, contre 29,5% cette année. On reste cependant loin des proportions de 2003 (39%) ou 2007 (33%). La palme de la représentation féminine revient aux Jeunes Verts, qui misent sur cinq candidates. Une seule liste ne présente aucune dame, celle de l’Union démocratique fédérale (UDF).

Sans surprise, c’est le district le plus peuplé, la Sarine, qui fournit le plus grand nombre de candidats: cinquante-six, dont vingt-deux émanent de la ville de Fribourg. Suivent la Gruyère (21), la Broye (14), le Lac (13), la Singine (12), la Glâne (6) et la Veveyse (6). Quatre prétendants sont domiciliés hors des frontières cantonales: à Genève, Berne, Grandcour (VD) et Mühledorf (BE).

Les sept sortants en course

Comme prévu, les sept conseillers nationaux sortants repartent pour un tour: Jean-François Steiert, Valérie Piller Carrard et Ursula Schneider Schüttel pour le Parti socialiste (PS); Dominique de Buman et Christine Bulliard-Marbach pour le Parti démocrate-chrétien (PDC); Jacques Bourgeois pour le Parti libéral-radical (PLR) et Jean-François Rime pour l’Union démocratique du centre (UDC).

Si les partis disposent encore d’une semaine pour officialiser leurs apparentements, les dés sont d’ores et déjà jetés. A gauche, PS, PCS, Verts, Parti évangélique, Jeunesse socialiste et Jeunes Verts forment à nouveau un vaste ensemble. Au centre, le PDC s’est allié au PVL et aux Jeunes démocrates-chrétiens - qui présentent quatre listes. Plus à droite, le PLR a conclu des apparentements avec ses jeunes pousses et le Parti bourgeois-démocratique. L’UDC, enfin, est associée à sa relève et, comme d’habitude, à l’UDF… dont deux candidats sont des transfuges de l’UDC.

Un plateau relevé

Notons encore que le plateau de cette élection du Conseil national est particulièrement relevé. En sus des sept élus sortants, vingt-trois députés au Grand Conseil sont sur les rangs. Ainsi, tous les candidats du PS et du PDC sont des parlementaires. A l’UDC, ils sont six sur sept, au PLR cinq sur sept. Signe que les partis entendent jeter leurs meilleurs éléments dans la bataille. Si la plupart se battront pour préserver l’acquis, l’UDC, elle, ambitionne toujours la conquête d’un deuxième siège.

La Chancellerie d’Etat dispose désormais d’un délai jusqu’au 31 août pour contrôler et, le cas échéant, faire rectifier les données des listes et des candidats. I

 

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Revue des forces en présence

Au soir des dernières élections du Conseil national, le 23 octobre 2011, le canton de Fribourg avait vécu un petit séisme politique. Premier parti du canton depuis des temps immémoriaux, le PDC ne récoltait que 20,3% des suffrages (contre 24,8% en 2007) et perdait son trône au profit du PS (26,7%). Les démocrates-chrétiens étaient même devancés par l’UDC (21,4%). Le recul du PDC s’expliquait alors par l’apparition au centre de l’échiquier du Parti vert’libéral (PVL) et du Parti bourgeois-démocratique (PBD), deux formations qui ont grignoté une part de l’électorat démocrate-chrétien, récoltant respectivement 3,5 et 1,9% des suffrages. Sans funeste conséquence pour le PDC puisque, allié à ces deux nouveaux venus, il était parvenu à conserver ses deux sièges.

Il y a quatre ans, à l’exception du PS (+4 points), du PVL et du PBD, tous les partis avaient perdu des plumes. Les chrétiens-sociaux (5,5%, -1,6 point) et les Verts (5%, -1,4 point) n’avaient pas passé un très bon dimanche… Le Parti libéral-radical avait lui aussi régressé (12,8%, -1 point), tout comme l’UDC (-0,6 point).

Mais en quatre ans, les cartes politiques ont été rebattues. Pas d’effet Fukushima cet automne pour l’électeur, mais des migrants qui débarquent par milliers sur les côtes européennes et le spectre de la récession de l’économie nationale.

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