La Liberté

L’usine Pavatex en grève

Fribourg • Les ouvriers ont cessé hier la production et ils vont bloquer le stock jusqu’à l’ouverture de négociations. La direction, elle, refuse de céder.

A la route de la Pisciculture, à Fribourg, la production de Pavatex a été stoppée hier après midi par les ouvriers licenciés.
A la route de la Pisciculture, à Fribourg, la production de Pavatex a été stoppée hier après midi par les ouvriers licenciés.

Francis Granget

Publié le 12.11.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«La fermeture de l’usine Pavatex de Fribourg est inévitable!» Au terme de la phase de consultation, le conseil d’administration du groupe et la direction de l’entreprise ont confirmé hier leur décision de cesser la production à Fribourg - 45 emplois y seront supprimés - pour concentrer les activités sur les deux autres sites de Cham (ZG) et Golbey en France («La Liberté» du 23 octobre). Au bord de la Sarine, seuls 35 postes seront maintenus au siège opérationnel de la société.

Directeur général de Pavatex SA, Martin Brettenthaler a rappelé en fin d’après-midi, au cours d’un «point presse improvisé», les raisons de cette fermeture: «Des coûts de production trop hauts provenant d’une capacité de production insuffisante et de coûts énergétiques trop importants ainsi qu’une situation toujours difficile sur les marchés, en particulier la France et l’Italie.»

Mesure «illégale» pour la direction

Affiché derrière le CEO, le slogan de l’entreprise - «Pavatex construit la confiance» - ne paraît plus trop adapté à la situation actuelle. Hier, les ouvriers du site de Fribourg ont adopté des mesures visant à faire reconnaître la légitimité de leur syndicat à ouvrir des négociations. «La production des panneaux isolants en fibres de bois (qui devait s’arrêter le 21 novembre, ndlr) et le départ des produits resteront bloqués tant qu’un plan social équitable ne sera pas négocié avec Unia, avertit son secrétaire régional Armand Jaquier. Après l’échec d’un nouvel ultimatum écrit, lundi soir, nous avons été obligés de recourir à la grève pour nous faire entendre.»

Soutenus par Unia, en collaboration avec Syna, les ouvriers du site fribourgeois de Pavatex ont prévu d’autres actions sur les sites de Cham et de Golbey ainsi qu’auprès des distributeurs de la marque. Une marche aux flambeaux aura aussi lieu vendredi, à 17 h 30, au départ de l’Ancienne Gare à Fribourg. «Les employés sont déterminés à obtenir l’ouverture de négociations pour un plan social digne de ce nom», rapporte Armand Jaquier.

A en croire son directeur général, Pavatex ne cédera pas à la menace. «Même si je peux comprendre que le personnel se sente déçu, frustré ou même trahi, cette grève est illégale, car elle n’a pas pour objectif la conclusion d’une convention collective de travail. Elle nous fera perdre près de 100 000 francs par jour, s’insurge Martin Brettenthaler. C’est démesuré et critiquable de la part du syndicat qui ne cherche qu’à se faire de la publicité sur notre dos car nous ne sommes pas soumis légalement à un plan social.»

Des menaces sur le personnel

Si ce conflit perdure, Pavatex se réserve le droit de prendre des mesures juridiques. «Nous pourrions aussi renoncer aux mesures d’accompagnement que nous avions prévues dans le cadre de ce licenciement collectif (programme de coaching, placements pour de nouveaux postes, aide pour les situations les plus difficiles, etc.)», menace Martin Brettenthaler. Des mesures qui, affirme-t-il, vont au-delà des plans sociaux proposés par les entreprises qui y sont contraintes. Pour Unia, elles sont «largement insuffisantes au regard des années d’ancienneté et des difficultés encourues par les collaborateurs licenciés».

«Comme toute PME de moins de 250 employés, nous n’avons aucune obligation de traiter avec un syndicat, estime encore le CEO de Pavatex. La commission d’entreprise est notre seul interlocuteur.» Sauf que, à en croire Armand Jaquier, «deux membres ont démissionné suite aux menaces et pressions inadmissibles dont ils ont fait l’objet. Et lors des discussions, son président était carrément assis avec la direction», s’indigne-t-il.

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