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Habiter loin d'une gare peut inciter à voter FN

Populisme >> En France, plus les électeurs vivent loin d'une gare ou du centre d'une grande ville, plus ils ont tendance à voter Front national (FN). Ce phénomène est également observé aux Etats-Unis chez les électeurs de Donald Trump.

ATS/REU

Publié le 06.12.2016

Temps de lecture estimé : 3 minutes

C'est une des conclusions d'une étude publiée mardi par l'Institut français d'opinion publique (Ifop) sur les ressorts de la vague «nationale-populiste» observée des Etats-Unis à l'Autriche en passant par le Royaume-Uni et la France.

A cinq mois de l'élection présidentielle française, la candidate du Front national, Marine Le Pen, est systématiquement donnée qualifiée pour le second tour par les sondages.

Elle bénéficie d'un clivage croissant entre gagnants et perdants de la mondialisation et d'un vote qui prospère dans une France «périphérique» à l'écart des grandes métropoles.

Contraire pour le PS

Selon l'Ifop, les scores moyens du FN au premier tour des élections régionales de 2015 en Ile-de-France varient ainsi de 14% à Paris intra-muros à 29,6% dans un rayon de 30 à 40 km autour de la capitale et à 40,9% à plus de 80 km.

A titre de comparaison, les scores moyens du Parti socialiste tombent de 27,9% dans Paris intra muros à 12,8% à plus de 80 km du coeur de la région capitale.

De même, dans la grande couronne francilienne, le FN et le PS ont fait en moyenne presque jeu égal dans les communes disposant d'une gare (22,9% pour le PS, 22,6% pour le FN).

Mais dès que les électeurs s'en éloignent, le parti d'extrême droite prend l'ascendant, avec 23,4% des votes en moyenne dans les communes situées à moins de cinq kilomètres d'une gare, 27,5% entre cinq et dix kilomètres et 35,1% à plus de 10 km. Le vote PS s'effondre alors à 16,6%.

Tendance mondiale

Mais ce type de phénomène, étudié notamment par le géographe Christophe Guilluy, n'est pas seulement l'apanage de la France. «Le phénomène FN s'inscrit dans une tendance mondiale», souligne le directeur du département opinion de l'Ifop, Jérôme Fourquet.

Ainsi, aux Etats-Unis 87,2% des suffrages se sont portés sur la candidate démocrate Hillary Clinton à New York, contre 10% pour Donald Trump. Puis les courbes se croisent dans les comtés de l'Etat de New York situés à une soixantaine de kilomètres de Manhattan. Dans les plus éloignés, Donald Trump a recueilli 65,4% des suffrages et Hillary Clinton 29,1%.

De même, le vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, oscillant entre 25% et 32% au coeur de Londres, gagne en intensité en s'éloignant de la City, jusqu'à 72,3% à l'embouchure de la Tamise, à une quarantaine de kilomètres à la périphérie.

Donald Trump aux Etats-Unis, Norbert Hofer, ex-candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle autrichienne et les partisans du Brexit ont également massivement recruté dans les rangs des ouvriers et employés faiblement diplômés et dans les bassins industriels en crise, comme le FN.

Jeunes en Europe, vieux aux USA

Différence notable: les électeurs du FN en France et du FPÖ en Autriche se recrutent plus chez les jeunes et les personnes d'âge intermédiaire que ceux de Donald Trump aux Etats-Unis ou qui ont voté en faveur du Brexit au Royaume-Uni.

En France, ce sont les 25-34 ans et les 35-49 ans qui ont constitué les plus gros bataillons du FN au premier tour des régionales de 2015 (35% pour chacune de ces catégories), loin devant les électeurs de 65 ans et plus (19%).

Le phénomène «France périphérique» est «un phénomène ancien qui s'est amplifié», souligne Jérôme Fourquet. «Il n'a pas été pris en compte au départ par la majorité des responsables de partis de gouvernement. Je pense que c'est en train de changer.»

«Toute la question, c'est comment on y répond», ajoute l'analyste de l'Ifop.

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