La Liberté

HeroCorp : l'absurde fait recette !

Blog - Télévision • Lancée en 2008 par le Français Simon Astier, la série HeroCorp rencontre un franc succès tandis que la quatrième saison est en cours de production. Retour sur son parcours.

HeroCorp : l'absurde fait recette !
HeroCorp : l'absurde fait recette !

Ocyna Rudmann

Publié le 09.08.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Été 2008, l’aventure Hero Corp débute. Cette série humoristique et fantastique créée par Simon Astier nous emmène dans la vie d’une bande de super-héros bancals réunis dans un petit village de Lozère. Vous l’aurez compris, tous les ingrédients sont réunis pour une histoire ô combien absurde, mais pas moins hilarante. John, joué par Simon Astier en personne, se retrouve plongé dans ce monde improbable malgré lui et devra sauver ses nouveaux acolytes du plus grand super-vilain de l’Histoire : The Lord ! 

Face à cette première saison, on est d’abord sceptique ; en effet, les habitués de la « dynastie » Astier ne pourront s’empêcher de la comparer à Kaamelott, série à succès du demi-frère de Simon, Alexandre Astier. L’humour est le même, les jeux d’acteurs très ressemblants, les répliques ont le même ton. Mais plus la saison avance, plus on arrive à se détacher de ce lien pour plonger dans l’univers Hero Corp ; car oui, malgré le ton indéniablement « Astier », Simon a réussi à créer son propre monde, sa propre histoire totalement déjantée, bien plus que Kaamelott d’ailleurs.

Mais arrêtons là les comparaisons inutiles. Simon n’a que peu de budget pour sa série et ne s’en cache pas ; l’autodérision est de mise, les acteurs ainsi que l’histoire ne se prennent pas du tout au sérieux. Et c’est tant mieux ! L’absurde exploité à fond et l’inconsistance totale de chaque personnage nous rend hilares. Entre Burt qui jetait de l’acide mais qui ne propulse désormais que du shampooing doux, ou Doug qui se fige lèvres retroussées au moindre mensonge, ou encore Chauve-souris Man qui a le pouvoir de vivre la nuit, « mais pas toute la nuit non plus ! », préparez-vous à une bonne partie de rire. Séparée en quinze épisodes de 26 minutes, la saison est prometteuse une fois les à priori dépassés !

Dans la deuxième saison tournée un an après, le scénario est plus élaboré. On y trouve des méchants qui commencent à faire peur – contrairement au super-vilain pas crédible pour un sou de la première saison – , et le casting s’étoffe : Arnaud Tsamere, Pascal Légitimus, Pierre Palmade, et le clan Astier au complet, avec le père (Lionnel Astier), le demi-frère (Alexandre Astier), et même la mère (Josée Devron). Tous très talentueux, ils donnent une crédibilité non négligeable à la série.

La fin de cette deuxième saison nous laisse cependant dubitatif ; gros mélange de styles, le fil rouge se perd, on sort complètement du cadre de la première saison. Des histoires de vampires, de monstres, de mafia, des lieux de tournages radicalement différents (on passe de la campagne française à Montréal), l’humour noir pointe le bout de son nez. On ne sait s’il faut rire ou pleurer des retournements du type « je suis ton père ! » où des liens abracadabrants se créent entre des personnages éloignés. Mais on s’y raccroche, car ce côté « Top Model » maintient l’ambiance absurde qui caractérise la série.

La troisième saison a failli ne jamais exister à cause du piratage internet qu’ont subi les deux premières. Mais grâce aux fans et à la détermination des acteurs et réalisateurs, le tournage débute enfin en janvier 2013. Le format change, on passe à 36 épisodes de sept minutes. Le scénario y est encore plus tiré par les cheveux. Des romances bidon pointent le bout de leur nez. On sent aussi un budget plus conséquent pour les maquillages, les costumes et les décors. On y trouve beaucoup plus d’acteurs (Manu Payet et Oldelaf viennent rejoindre la troupe) et de figurants. Mais la tournure que prend l’histoire nous laisse une impression mitigée : très noire, de moins en moins légère ; ils commencent à se prendre – un peu trop peut-être ? – au sérieux. La série bascule entre deux genres ; pas assez sérieuse pour nous offrir une épopée à la « Game of Thrones », mais déjà trop sérieuse pour rester dans la catégorie drôle-absurde des deux premières saisons. Malgré cela, des perles d’humour et des bruitages toujours placés pile au bon moment pour un effet comique implacable. Le ton reste là, quelque part, bien que masqué parfois par une ambition un peu trop poussée…

Mais le succès reste au rendez-vous : la recette bourrée d’humour fait fureur, à tel point que le tournage de la quatrième saison a débuté en juin de cette année. Elle sera composée de dix-neuf épisodes de treize minutes. On l’attend avec impatience, en espérant que l’ambiance perdra un peu de sa noirceur. En attendant, si vous aimez l’humour absurde, jetez-vous sur les premières saisons !

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11