La Liberté

«Il faut garder le sens des réalités»

Nouveau directeur sportif du FC Bâle, Marco Streller espère que son club reste dominant en Suisse

laurent ducret

Publié le 19.07.2017

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Football »   Il porte le costume du chef avec la même aisance qu’il pouvait 
témoigner dans la surface adverse. Nouveau directeur sportif du FC Bâle depuis l’intronisation à la tête du club de Bernhard Burgener, Marco Streller assume désormais de très grandes responsabilités au sein du club de son cœur. L’ancien attaquant du Parc Saint-Jacques avoue que «tout ne se fera pas en un jour». Il demande du temps pour mener à bien les projets de la nouvelle direction.

Votre emploi du temps doit être particulièrement chargé ces derniers temps...

Marco Streller: Toute mon attention est centrée sur le FC Bâle. Les attentes sont immenses. Les agents n’arrêtent pas de tourner autour du club. Les exigences des joueurs ne cessent aussi d’augmenter. Oui, mon quotidien est très... intense.

Etes-vous capable d’assumer 
ces nouvelles responsabilités?

Je connais mes forces et mes faiblesses. J’ai compris très vite une vérité essentielle: une telle fonction vous oblige à déléguer énormément. Sinon, le risque est de trouver mes valises sur le palier de la porte le jour où ma femme en aura assez...

Le FC Bâle domine le football suisse depuis une décennie. Que pouvez-vous apporter de plus à un club qui n’arrête pas de gagner ?

Je sais comment ce club fonctionne. Je suis un enfant du cru, ne l’oubliez pas! Je veux renforcer encore davantage l’ancrage du FC Bâle dans sa ville et dans sa région. Je mesure aussi tout l’héritage laissé par le président Bernhard Heusler et par son directeur sportif Georg Heitz. Leur succéder n’est pas simple. Ils étaient tous deux de grands stratèges. Grâce à eux, le FC Bâle est devenu le plus grand club du pays. De très loin le plus grand...

Justement, la pression est bien là pour la nouvelle direction. On comprendrait mal que le FC Bâle ne gagne pas au printemps prochain un neuvième titre de rang...

Bien sûr. Je ne veux pas être le premier qui «brise» cette extraordinaire série...

On évoque toutefois un engouement moindre autour du club, une passion qui s’éteint un peu. Partagez-vous 
cette impression?

Nous devons veiller à entretenir cette passion. Je ne crois pas une seule 
seconde que l’engouement autour du FC Bâle ne soit plus aussi fort. Lors de la parade pour fêter le dernier titre, j’ai vu défiler en ville des petits enfants avec leurs parents et leurs grands-parents. Il y avait plus de 10 000 personnes. Nous avons célébré notre 
deuxième étoile le mois dernier avec le 
20e titre de l’histoire du cub. L’objectif maintenant est de rattraper Grasshopper, qui a remporté à 27 reprises le championnat. Je veux que le FC Bâle soit demain le nouveau «Rekordmeister». Les supporters du FC Bâle seront toujours prêts à se lever de leurs sièges si nous leur procurons le grand frisson.

Quel rôle tient votre nouvel entraîneur Raphaël Wicky dans le projet qui est désormais le vôtre?

Raphaël a trouvé à Bâle une sorte de deuxième chez soi. Il a compris la mentalité bâloise. A mes yeux, il est un entraîneur jeune qui apportera une nouvelle fraîcheur au club. Mais il a aussi très «faim». J’attends beaucoup de lui. Mais je suis confiant. Il est très fort sur le plan tactique et il parle cinq langues, ce qui n’est pas anodin de nos jours, avec des vestiaires de plus en plus multiculturels. Il a toutes les armes pour s’imposer comme un grand entraîneur.

La venue de Raphaël Wicky apportera, selon vous, une nouvelle «fraîcheur». Pourquoi cette notion de «fraîcheur» revêt-elle à vos yeux une si grande importance ?

Nous n’allons pas tout bouleverser. Mais le projet qui est le nôtre demandera du temps pour aboutir. Nous ne devons pas toujours nous référer au passé, aussi glorieux soit-il. Nous ne voulons pas copier nos prédécesseurs. Nous voulons donner une nouvelle orientation au club. Sans oublier les réalités économiques. Nous sortons d’une année qui a vu le FC Bâle générer une somme de 61 millions de francs avec les transferts. Il est évident que nous ne serons pas capables de sortir un tel chiffre chaque année. Il faut garder le sens des réalités. Je ne dis pas que nous devons économiser. Mais je ne crois pas que nous soyons forcés de présenter un contingent avec 25 internationaux. Les objectifs sportifs demeurent les mêmes, mais nous devons avoir le courage d’arrêter des choix forts.

En 2018, le champion de Suisse 
ne sera plus qualifié d’office pour 
la phase de poules de la Ligue 
des champions. Cette nouvelle donne vous inquiète-t-elle ?

Oui, bien sûr. La Ligue des champions fut une bénédiction pour le FC Bâle ces dernières années: des recettes conséquentes et la possibilité offerte à de jeunes joueurs de s’exposer dans la plus belle des vitrines. Sans l’assurance de disputer la Ligue des champions, jamais un Mohamed Salah ne serait venu jouer au FC Bâle. Je dois avouer que la perte de cette place qui était garantie au champion de Suisse complique quelque part la donne... ats

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