La Liberté

Condamné à mort et la corde au cou, il est gracié au dernier instant par la mère de sa victime

Un Iranien condamné à mort pour meurtre a échappé de justesse à la potence à la suite d'une rare campagne de mobilisation en Iran, a rapporté le quotidien «Shargh». La famille de la victime a gracié le présumé meurtrier alors qu'il avait la corde autour du cou.

Le condamné peu avant d'être gracié par la famille de sa victime. © Keystone
Le condamné peu avant d'être gracié par la famille de sa victime. © Keystone
La mère de la victime gifle le tueur avant de le pardonner. © Keystone
La mère de la victime gifle le tueur avant de le pardonner. © Keystone
Les proches de la famille du condamné à mort, en pleurs. © Keystone
Les proches de la famille du condamné à mort, en pleurs. © Keystone
La mère du présumé meurtrier (à gauche) et la maman de la victime. © Keystone
La mère du présumé meurtrier (à gauche) et la maman de la victime. © Keystone

ATS/AFP

Publié le 18.04.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

En 2007, lors d'une rixe, Balal, âgé alors de 19 ans, a donné un coup de couteau fatal à un autre jeune, Abdollah Hosseinzadeh. Il devait être pendu mardi matin en public à Noshahr (nord du pays). Mais la mère de la victime, Samereh Alinejad, a accordé son pardon alors que Balal avait la corde au cou.

Le «prix du sang» 

Selon la charia (la loi islamique), un condamné à mort pour meurtre peut échapper à l'exécution et purger une peine de prison s'il est pardonné par la famille de la victime, qui reçoit en échange le «prix du sang» fixé cette année à 1,5 milliards de rials (environ 53'000 francs).

Lors du procès il y a sept ans, la mère de la victime avait pourtant refusé le «prix du sang». Selon «Shargh», la mère s'est adressée à la foule, racontant qu'il était «difficile d'avoir une maison vide» d'enfants alors que quatre ans plus tôt, elle avait perdu un autre fils dans un accident de la route. Elle a ensuite giflé le condamné, avant de retirer la corde avec son mari Abdolghani Hosseinzadeh, un ancien footballeur professionnel.

Le meurtrier pleurait

«Le meurtrier pleurait, a dit la mère au journal. Il a demandé pardon. Je l'ai giflé, ce qui m'a calmé. J'ai dit ‘Je te punis pour le malheur que tu m'as fait’. Les gens ont applaudi, certains pleuraient».

«Je suis croyante. La veille de la sentence, j'ai rêvé de mon fils. ‘Je suis bien là où je suis et je suis calme’, m'a-t-il dit (...) tout le monde, ma famille et mes amis, faisait pression pour que j'accorde mon pardon», a-t-elle expliqué.

«Dans une interview à la télé, j'ai dit à mes amis de ne jamais prendre un couteau. Dommage que personne ne m’ait giflé» au moment de porter le coup, a affirmé Balal au quotidien.

Une campagne de mobilisation

La grâce de Balal est également intervenue après une campagne de mobilisation d'artistes et de sportifs connus, comme l'ancien footballeur international Ali Daie. Adel Ferdossipour, présentateur de la très populaire émission TV «90», consacrée au football, avait aussi demandé en direct à M. Hosseinzadeh d'accorder son pardon.

Le cinéaste Mostafa Kiaei, à l'origine de la campagne, a expliqué à l'AFP qu'il avait déjà, il y a sept ans, organisé une collecte pour payer le prix du sang, que la mère de la victime avait refusé à l'époque. L'argent est toujours placé sur un compte spécial, et sera versé à la famille.

Il provient de la ventes de tickets pour une projection spéciale du dernier film du réalisateur, «Sepcial Line».

Plus de 170 exécutions en 2014

La famille Hosseinzadeh avait demandé à ce que Balal ne soit pas tenu au courant et qu'il se sente «près de la mort» avant d'être pardonné, précise un blog du journal «Le Monde». Avec les fonds, «le père de la victime souhaite ouvrir une salle de gym portant le nom de son fils», a ajouté M. Kiaei.

Interrogé sur le poids de la mobilisation dans la décision de la famille, le cinéaste a répondu qu'au vu «de l'absence d'ONG dans le pays, les personnes qui en ont les moyens peuvent encourager le peuple à faire de bonnes choses».

Mais ce genre de campagne médiatique est encore rare en Iran où plus de 170 personnes, y compris au moins deux femmes, ont été exécutés depuis le début de l'année selon l'ONU.

Le photographe iranien Arash Khamooshi a réalisé une saisissante série de clichés de cet événement pour Isna (Iranian Students’s News Agency), une agence de presse iranienne.  Ces images peuvent être vues en cliquant sur ce lien.

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11