La Liberté

Deux arrestations aux Pays-Bas

Le Parquet néerlandais a arrêté deux dirigeants au cœur du scandale des œufs contaminés

Publié le 11.08.2017

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Scandale alimentaire »  L’enquête sur la fraude à l’origine de la contamination de millions d’œufs en Europe par l’insecticide fipronil s’est accélérée hier en Belgique et aux Pays-Bas. Dans ce dernier pays, les dirigeants d’une entreprise au cœur du scandale ont été arrêtés.

Deux dirigeants «de l’entreprise qui a probablement appliqué le produit dans les élevages avicoles» ont été arrêtés, selon le Parquet néerlandais, qui ne révèle pas de nom. Mais selon les médias du pays, il s’agit de ChickFriend, déjà mise en cause par les éleveurs touchés.

Le Parquet d’Amsterdam indique dans un communiqué que des perquisitions ont été menées dans huit sites aux Pays-Bas et en Belgique et que des véhicules, des propriétés et des relevés de comptes bancaires ont été saisis. Les perquisitions ont visé des bâtiments appartenant à ChickFriend et à ses fournisseur s. La société n’a pas répondu aux sollicitations de Reuters.

Grosse quantité de produit saisi

En Belgique, onze perquisitions ont été menées «dans tout le pays» dans le cadre de l’enquête. Elle cible désormais 26 personnes et entreprises suspectes, selon le Parquet d’Anvers (nord).

Il précise que «près de 6000 litres de produits interdits», du fipronil selon les médias, ont été saisis en juillet dans une société belge. Là encore, la justice n’a pas désigné nommément la société, mais elle est identifiée comme le distributeur de produits sanitaires pour l’élevage Poultry-Vision, à l’origine du scandale avec ChickFriend, selon les médias.

Le dirigeant de Poultry-Vision a été «entendu» en juillet, puis «relâché sous strictes conditions», ajoute le procureur d’Anvers. «Le Parquet tient à souligner qu’il prend les faits très au sérieux, vu leur gravité, leur ampleur, leur caractère organisé et leur contexte international, souligne-t-il. Ajouter des produits interdits à des produits utilisés dans l’industrie alimentaire par appât du gain met en danger la sécurité alimentaire et abîme la confiance du consommateur.»

Millions d’œufs retirés

Ces opérations interviennent alors que la crise des œufs contaminés continue de préoccuper les autorités sanitaires en Europe, même si les risques pour la santé du consommateur sont a priori limités.

En cause, l’utilisation du fipronil, un antiparasite pourtant strictement interdit dans les élevages de poules, par des sociétés de désinfection intervenant dans des exploitations agricoles aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne.

Dès que la Belgique a donné l’alerte à ses partenaires européens, le 20 juillet, des dizaines de poulaillers ont été bloqués, et des millions d’œufs ont été retirés des supermarchés de huit pays européens à titre préventif ou parce que leurs taux dépassaient les seuils fixés par la réglementation.

Des millions d’œufs ont déjà été retirés des rayons dans des supermarchés de plusieurs pays européens après la découverte de résidus de fipronil dans des œufs mis en vente en Belgique et aux Pays-Bas.

Mercredi, le ministre belge de l’Agriculture Denis Ducarme avait accusé les Pays-Bas d’avoir traité avec légèreté des informations concernant la présence de fipronil dans les élevages du pays, l’un des plus gros exportateurs d’œufs au monde qui compte près de 50 millions de poules pondeuses sur son sol.

Il a affirmé qu’un signalement en ce sens avait été reçu par les autorités néerlandaises dès novembre 2016, mais qu’elles n’avaient pas donné suite. La Haye l’a contesté. «Le reproche que nous aurions eu vent en novembre 2016 de fipronil dans les œufs ne correspond pas (à la vérité)», a rétorqué Rob van Lint, inspecteur général de l’organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire.

«A ce moment-là, il n’y avait aucune indication d’un risque aigu pour la sécurité alimentaire. Il n’y avait pas d’indication que du fipronil pourrait se trouver aussi dans les œufs», a-t-il ajouté.

L’organisation agricole néerlandaise ZLTO a estimé hier les pertes à «au moins 150 millions d’euros» pour le secteur avicole. En Belgique, où 50 exploitations sont toujours fermées, le gouvernement a promis des mesures de soutien aux entreprises en difficulté en raison de la crise.

Par ailleurs, une tonne de jaune d’œuf liquide contaminé au fipronil a été découverte dans un entrepôt de l’ouest de la Roumanie, a annoncé hier l’autorité sanitaire-vétérinaire roumaine ANSVSA. C’est une première en Europe orientale depuis l’éclatement du scandale.

Cette saisie porte à neuf le nombre de pays européens où la présence d’œufs contaminés a été attestée à ce jour. Le jaune d’œuf liquide, importé d’Allemagne, a été découvert dans un entrepôt de Timisoara (ouest), a précisé l’ANSVSA. atS

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