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Kim Jong-un appuie sur pause

En suspendant la menace de tirs de missiles, Pyongyang permet à l’île américaine de Guam de souffler

Publié le 16.08.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Corée du Nord »   Kim Jong-un a annoncé hier mettre sur pause le projet nord-coréen de tirer des missiles près du territoire américain de Guam. Il a toutefois averti que cet exercice hautement provocateur irait de l’avant en cas de nouvelles «actions irresponsables» de la part de Washington.

Aux yeux de certains analystes, ces commentaires du dirigeant nord-coréen constituent une possible porte de sortie pour désamorcer la crise alimentée par la guerre rhétorique entre le président américain Donald Trump et le régime de Pyongyang.

La Corée du Nord a menacé la semaine dernière de tirer quatre missiles au-dessus du Japon en direction de l’île de Guam, dans le Pacifique ouest, où se trouvent deux importantes bases militaires américaines.

Désamorcer les tensions

Avant de donner l’ordre de la mise à exécution, Kim Jong-un a déclaré qu’il allait «observer encore un peu le comportement idiot et stupide des Yankees». S’ils «persistent dans leurs actions irresponsables et dangereuses dans la péninsule coréenne», Pyongyang prendra des mesures «telles que déjà annoncées, a-t-il ajouté. Afin de désamorcer les tensions et d’empêcher un dangereux conflit militaire dans la péninsule coréenne, il est nécessaire que les Etats-Unis décident les premiers d’une option appropriée.»

L’annonce a été saluée à Guam. Les autorités se sont dites «follement heureuses» que «Kim Jong-un ait reculé». La Chine a pour sa part estimé hier que la crise avait atteint un «tournant» et qu’il était temps de revenir à la table des négociations.

«Ce que nous espérons dés­ormais, c’est que toutes les parties impliquées, dans leurs paroles et leurs actes, puissent contribuer à éteindre le feu des tensions actuelles, plutôt que de jeter de l’huile sur le feu», a souligné Hua Chunying, porte-parole du Ministère chinois des affaires étrangères.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a souligné hier que Séoul voulait à tout prix éviter une nouvelle guerre. «L’action militaire sur la péninsule coréenne ne peut être décidée que par la République de Corée (la Corée du Sud, ndlr) et nul ne peut décider d’une action militaire sans son consentement.»

L’ire de Pyongyang

Il semblerait que Kim Jong-un ait fait référence aux exercices militaires conjoints annuels à grande échelle entre Séoul et Washington, qui doivent commencer prochainement. Ces manœuvres ne manquent jamais de susciter l’ire de Pyongyang, qui les considère comme la répétition de l’invasion de son territoire.

Séoul comme Washington soutiennent que leurs manœuvres sont purement défensives. Selon eux, elles ne peuvent être mises en relation avec les ambitions nucléaires de la Corée du Nord, qui violent toute une série de résolutions de l’ONU.

Compromis proposé

La Corée du Nord a proposé dans le passé un moratoire sur les essais nucléaires et les tests de missiles en échange de l’annulation de ces exercices. Ce compromis avait été soutenu par Pékin, principal allié de Pyongyang, et rejeté régulièrement par Washington et Séoul.

Certains analystes jugent que le numéro un nord-coréen est en train de proposer le même compromis, avec en plus dans la balance la menace sur Guam. «C’est une invitation directe à parler de freins réciproques aux exercices et aux tirs de missiles», a estimé Adam Mount, expert du cercle de réflexion Center for American progress, à Washington.

Pour John Delury, professeur à l’Université Yonsei de Séoul, «Kim Jong-un est en train d’opérer la désescalade, il met Guam de côté pour l’instant», a-t-il dit sur Twitter. «On n’est pas sortis du bois, prévient-il cependant. Il faut que les deux parties continuent de faire des gestes pour désamorcer les choses, en actions ou en paroles. La diplomatie doit passer à la vitesse supérieure.»

ATS/AFP

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