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La Grèce alourdit les peines contre le racisme

Athènes • La Grèce a fini par adopter, après avoir tergiversé, une loi réprimant la négation de l'Holocauste et des crimes contre l'humanité. Elle a également durci les peines contre les propos racistes et homophobes, un ajout de dernière minute dans un des pays les plus traditionalistes de l'UE.

ATS/AFP

Publié le 11.09.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Adoptée sous pression européenne et près d'un an après l'assassinat d'un rappeur antifasciste par un membre du parti néonazi Aube dorée, cette loi prévoit des peines de 3 ans de prison, au lieu de deux précédemment, et des amendes pouvant aller jusqu'à 20'000 euros.

Sont visés les faits d'«incitation à la discrimination, à la haine ou à la violence» pour des questions de race, de religion, de handicap ou d'orientation sexuelle. Une peine équivalente punit désormais «la négation (...) orale, via la presse, Internet ou par n'importe quel moyen, des crimes contre l'humanité, crimes de guerre, génocides, Holocauste ou crimes nazis», selon l'article 2.

La Grèce figurait sur la liste de 13 pays de l'Union européenne (Belgique, République tchèque, Danemark, Allemagne, Estonie, Irlande, Hongrie, Pays-Bas, Autriche, Finlande, Suède et Royaume-Uni), publiée en janvier dernier par la Commission, qui n'avaient pas de dispositions pénales incriminant ces actes.

Syriza s'abstient

La discussion sur le texte, qui réforme une loi de 1979, avait été reportée au moins trois fois depuis mai 2013, en raison de députés du parti conservateur au pouvoir (Nouvelle Démocratie) qui avaient exigé de pénaliser non seulement l'Holocauste mais tout «génocide» comme celui des Arméniens ou des Grecs par les Ottomans au début du 20e siècle.

La formulation «générale» de l'article sur les génocides a été dénoncée par l'opposition de la Gauche radicale, Syriza, qui ne l'a pas voté en estimant qu'il «pénalise la liberté d'expression».

«Le vote de cette loi est en soi un premier pas positif, mais le problème reste son application car les autorités grecques sont souvent réticentes à poursuivre les auteurs d'actes racistes», a indiqué Dimitris Levantis, responsable de l'organisation SOS-racisme en Grèce. Il a déploré que l'amendement ne protège pas les victimes qui souhaitent dénoncer les actes racistes aux autorités, une disposition prévue dans la première mouture du texte.

Sur la même ligne, l'organisation des droits de l'Homme, Human Right Watch, note que «malgré une épidémie de violence raciste à Athènes, la loi ne prévoit pas de mesures pour encourager la dénonciation des crimes de haine (...) ou pour assurer que la police et la justice agissent d'une façon appropriée». Plusieurs organisations ont aussi déploré que le gouvernement n'ait pas saisi cette occasion pour régler la question de la naturalisation de milliers d'enfants nés en Grèce, de parents immigrés résidant légalement dans le pays.

La Grèce «reste homophobe»

L'incrimination des propos à caractère homophobe a été rajoutée in extremis dans la loi alors que «les agressions se sont multipliées ces derniers mois» contre les homosexuels, selon des associations.

La Grèce «reste homophobe», «le pacte de vie commune pour les homosexuels n'existe pas malgré son adoption pour les hétérosexuels en 2008» et une condamnation récente de la Cour européenne des droits de l'Homme, dénoncent-elles.

Dernière preuve en date: le député Tassos Nerantzis (Nouvelle Démocratie) a fait des vagues lors de la discussion de la loi en assimilant par exemple homosexualité, pédophilie et zoophilie.

 

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