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Le loup n’était pas si solitaire que cela

Depuis l’attentat de Manchester, sept personnes ont été arrêtées, laissant supposer une cellule terroriste

Publié le 26.05.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Royaume-Uni »   La police britannique a annoncé hier avoir procédé à des «arrestations importantes». Elle a mis la main sur des éléments significatifs au troisième jour de l’enquête sur l’attentat-suicide de Manchester, qui a fait 22 morts lundi à la sortie d’un concert.

Depuis l’attaque à la Manchester Arena, huit suspects ont été placés en détention par la police du Grand Manchester. Une femme a été relâchée hier sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle. L’auteur de l’attentat était animé par un «désir de vengeance» après qu’un ami d’origine libyenne comme lui a été tué en mai 2016 à Manchester, selon un ami de la famille.

Le père et un des frères de Salman A., le kamikaze présumé d’origine libyenne né en 1994 à Manchester, ont parallèlement été arrêtés en Libye.

Ex-combattant islamique

Ramadan, le père, ancien membre du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), s’était réfugié au Royaume-Uni au début des années 1990. Il est retourné en Libye après la mort de Mouammar Kadhafi en 2011. Hachem, le frère, est soupçonné d’être lié au groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué l’attentat.

Les enquêteurs pensent que Salman A. était récemment rentré d’un séjour en Libye. Il est passé par la Turquie sur le chemin de l’Europe, mais rien ne dit qu’il se soit rendu en Syrie, a-t-on appris auprès des services de renseignement turcs.

Le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA) a indiqué «coopérer de façon intensive et étroite» avec les autorités britanniques. Le chef du GNA Fayez al-Sarraj s’est entretenu au téléphone avec la première ministre britannique Theresa May, et lui a promis une «pleine coordination» dans l’enquête.

Arrestations importantes

«Je veux rassurer la population et dire que les arrestations auxquelles nous avons procédé sont importantes, et que les premières perquisitions de bâtiments ont révélé des éléments que nous pensons être très importants pour l’enquête», a dit le chef de la police de Manchester, Ian Hopkins.

«Il faudra plusieurs jours pour mener à bien ces perquisitions», a ajouté le Chief Constable. D’après la chaîne de télévision américaine ABC et le quotidien The Independent, des explosifs ont notamment été découverts.

Après avoir douté que Salman A. ait pu lui-même assembler la bombe utilisée lundi soir, les enquêteurs pensent désormais qu’il a pu la fabriquer seul, dit-on de source proche de l’enquête. Mais la recherche de ses éventuels complices se poursuit.

Alors que le Royaume-Uni a été placé en état d’alerte «critique», le plus haut degré de ­vigilance impliquant qu’une nouvelle attaque est jugée «imminente», des soldats et des policiers, dont une équipe de démineurs, sont intervenus hier matin dans le quartier de Hulme, une banlieue de Manchester, après la découverte d’un colis suspect. Après vérification, il s’agissait d’une fausse alerte.

Parallèlement, la direction des services de santé a révisé le bilan de l’attaque. En plus des 22 décès, l’explosion a fait 116 blessés, dont 75 ont dû être hospitalisés dans huit établissements de la région. Hier matin, 23 d’entre eux étaient toujours en unité de soins intensifs.

La reine Elizabeth s’est rendue auprès de certains d’entre eux soignés au Royal Manchester Children’s Hospital. Une minute de silence a été observée à 11 h dans le pays en mémoire des victimes.

Fuites «troublantes»

Sur le plan diplomatique, le Gouvernement britannique et les chefs des services de sécurité se sont dits effarés par l’ampleur des fuites obtenues auprès des services de renseignement américains sur les progrès de l’enquête. Furieuse, Theresa May a rappelé que la coopération avec les Etats-Unis en matière de renseignement reposait sur la confiance.

Donald Trump a reconnu que ces fuites étaient «profondément troublantes». «Si c’est approprié, les coupables devront être poursuivis avec toute la rigueur de la loi», a ajouté l’Américain, qui a rencontré Mme May au sommet de l’OTAN à Bruxelles. Rex Tillerson, son secrétaire d’Etat, se rendra lui aujourd’hui à Londres par «solidarité». ats/afp/reu

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