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Le missile tiré des zones rebelles

Les procureurs ont livré leurs conclusions sur le vol Malaysian MH17 abattu en Ukraine

Publié le 29.09.2016

Temps de lecture estimé : 4 minutes

La Haye » Le missile qui a détruit le vol MH17 en 2014, dans l’est de l’Ukraine, a été tiré d’un territoire alors contrôlé par les séparatistes prorusses, a confirmé hier le Parquet néerlandais. Il affirme aussi que l’engin provenait de Russie.

«Sur la base de l’enquête pénale, nous pouvons conclure que l’avion du vol MH17 a été abattu le 17 juillet 2014 par un missile BUK apporté du territoire de la Fédération de Russie et qu’après le tir, le système a été réacheminé en Russie», a affirmé Wilbert Paulissen, l’un des responsables de l’enquête.

S’appuyant sur des photos, vidéos, témoignages, données de télécommunications et conversations téléphoniques, les enquêteurs ont également recréé l’itinéraire emprunté par le convoi ayant transporté le BUK. «Notre enquête a montré que l’endroit depuis lequel le missile a été tiré était aux mains des rebelles», a affirmé hier Wilbert Paulissen.

Les enquêteurs ont par ailleurs identifié une centaine de personnes «ayant joué un rôle actif dans l’armement du système BUK ou dans son transport, ainsi que des personnes qui ont facilité ou aidé» à son transport, a ajouté le coordinateur de l’enquête Fred Westerbeke.

«Aucune de ces personnes n’est automatiquement consi­dérée comme un suspect», a-t-il précisé. Il appelle celles-ci à contacter les enquêteurs pour expliquer leur rôle ou donner des informations supplémentaires.

Réactions immédiates

Les réactions des principaux intéressés ne se sont pas fait attendre. «Nos forces n’ont pas pu tirer contre l’avion avec un système BUK, car nous n’avons pas de telles armes», a déclaré Edouard Bassourine, un responsable militaire de la «République populaire» autoproclamée de Donetsk (DNR).

La Russie s’est, quant à elle, dite «déçue». «Les conclusions du Parquet néerlandais confirment que l’enquête est biaisée et politiquement motivée», a déclaré le Ministère russe des affaires étrangères dans un communiqué.

Moscou se plaint en outre d’avoir été «évincé d’une participation complète au déroulement de l’enquête, reléguant (ses) efforts à un rôle mineur». Elle accuse Kiev d’avoir réussi à «fabriquer les preuves» et d’«avoir fait tourner l’affaire à son avantage».

Plus tôt, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a insisté sur le fait que la Russie avait fourni «des informations complètes» aux enquêteurs. «Dans ces données, il n’y a pas de missile», a-t-il ajouté. «Donc, s’il y a eu un missile, il n’aurait pu être tiré que d’un autre territoire.»

«Cette information montre à nouveau l’implication directe de l’Etat agresseur (la Russie, ndlr) dans le crash de l’avion», assure de son côté le Ministère ukrainien des affaires étrangères dans un communiqué. «Cela met fin à toutes les tentatives de la Russie de discréditer les activités de l’équipe d’enquête commune (JIT) et ses conclusions en diffusant des informations déformées ou fabriquées.»

Parents déçus

Les enquêteurs, venus de Belgique, d’Ukraine, d’Australie et de Malaisie, n’ont cependant pas directement accusé Moscou d’avoir fourni le système BUK aux rebelles, ni nommé les suspects. Ce qui déçoit les parents des victimes.

«Nous voulons voir les auteurs (de cette attaque) capturés et jugés», et ce «dans les plus brefs délais», a déclaré Evert Van Zijtveld. Cet homme a perdu quatre parents dans la catastrophe et préside une association de soutien aux proches des victimes.

Victimes néerlandaises

Une autre enquête, coordonnée par le Bureau néerlandais d’enquête pour la sécurité (OVV), avait conclu l’an dernier que le Boeing 777 avait été abattu par un missile sol-air de fabrication russe BUK à partir d’une zone tenue par les séparatistes prorusses. Elle n’avait pas non plus identifié les auteurs du tir.

L’ensemble des 298 personnes présentes à bord du Boeing 777 reliant Amsterdam à Kuala Lumpur avaient été tuées. La majorité des victimes était de nationalité néerlandaise.

ats/afp

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