La Liberté

Sebastian Kurz, figure du renouveau

Sans surprise, les conservateurs et leur jeune meneur ont remporté hier les législatives autrichiennes

Johanna Luyssen

Publié le 16.10.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Autriche »   Hier, 6,4 millions d’Autrichiens étaient appelés aux urnes pour des législatives anticipées. Et selon les premières projections dévoilées en soirée, leur vote est à l’image de ce que suggéraient les sondages.

On assiste ainsi à une victoire des conservateurs de l’ÖVP (31,7%), un score important de l’extrême droite du FPÖ (26,5%), une dégringolade spectaculaire des Verts (pour l’heure, crédités à 3,8% des voix, ils n’auraient pas leur ticket d’entrée au parlement) et un affaiblissement des sociaux-démocrates du SPÖ, qui gardent toutefois la deuxième place mais de justesse (26,6%).

Premier vainqueur de ce scrutin, l’ultraconservateur Sebastian Kurz, 31 ans. Ministre depuis 6 ans, il s’apprête à devenir le plus jeune dirigeant européen et probablement le prochain chancelier d’Autriche.

Percée de l’extrême droite

Deuxième victoire de ce scrutin, celle de l’extrême droite de l’ÖVP, menée par Heinz-­Christian Strache, qui pourrait se retrouver au gouvernement. Une première depuis dix ans. Les thématiques anti-immigration qu’elle charrie semblent largement soutenues par les électeurs. «60% des Autrichiens ont voté pour le programme du FPÖ», a déclaré hier le secrétaire général de cette formation, Herbert Kickl.

Nouvelle arrivée possible au parlement, la liste du dissident vert Peter Pilz, avec, pour l’heure, 4,3% des voix. Ce membre fondateur du parti écologiste autrichien a claqué la porte du parti il y a quelques mois et se réclame d’un «populisme de gauche». Ou comment prôner une politique très dure sur la sécurité et les réfugiés, tout en défendant les 35 heures et la libéralisation du cannabis… Son programme, à la tonalité très antisystème, donc pile dans l’air du temps, a su trouver des partisans.

Le SPÖ «miraculé»

Quant aux sociaux-démocrates du SPÖ, ils ont été fragilisés par un scandale de fausses informations visant Sebastian Kurz qu’ils auraient ourdi en sous-main, mais restent «miraculés», selon le terme de Patrick ­Moreau, docteur en histoire et en sciences politiques, chercheur au Centre national français de la recherche scientifique (CNRS). Des électeurs de gauche ont pu, face au danger de voir advenir une coalition conservateurs-extrême droite, avoir recours au vote utile.

Les Autrichiens semblent las de ces années de grande coalition entre les sociaux-démocrates et les conservateurs. Un attelage conservateurs-extrême droite est donc possible. Certes, tout en surfant sur la même vague antiréfugiés, les deux partis se détestent – Kurz ayant été accusé par le FPÖ d’avoir siphonné leurs thèmes de campagne.

Mais il reste que les positions de ces deux partis se rejoignent sur bien des points. «Kurz semble coincé dans une alliance avec l’extrême droite. Mais si elle se révèle trop vorace, rien ne dit que les discussions aboutiront, commente Patrick Moreau. Pour l’instant, et en attendant les résultats définitifs, toutes les constellations sont encore possibles.» © Libération

 

Bio express

2 août 1986

Naissance 
à Vienne, d’un père technicien et d’une mère enseignante.

2010

Ancien patron 
de la puissante organisation 
de jeunesse 
de l’ÖVP, 
il est nommé secrétaire d’Etat à 24 ans, avant même d’avoir achevé son cursus de droit.

2013

Il devient le plus jeune ministre des Affaires étrangères d’Europe.

2015

Il est l’un des premiers ténors européens 
à critiquer 
la politique d’accueil de 
la chancelière allemande Angela Merkel, prônant 
– et obtenant – la fermeture 
de la route 
des Balkans. Ats

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