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«J'étais prêt à mourir pour l'arrêter»

Le motard qui a tenté de stopper le camion meurtrier de Nice au péril de sa vie a été retrouvé par le quotidien Nice-Matin. Il raconte comment il s'est senti investi d'une mission.

Franck (méd./DR) s'est retrouvé en face-à-face avec le tueur. © Keystone
Franck (méd./DR) s'est retrouvé en face-à-face avec le tueur. © Keystone

LIB

Publié le 21.07.2016

Temps de lecture estimé : 3 minutes

De ceux qui ont tenté de stopper l'auteur de la tuerie de Nice, il est sans doute celui qui a pris le plus de risques. Au guidon de son scooter, Franck est même parvenu à s'accrocher à la porte du 19 tonnes, avant de chuter. Contrairement à ce qu'avaient pu laisser entendre certains témoignages, cet employé de l'aéroport de Nice est bien vivant. Marqué tant physiquement que psychologiquement, il a accepté de raconter cette terrible nuit du 14 juillet à Nice-Matin.

Cette soirée-là, le quadragénaire circulait à scooter avec sa femme. «Je voulais aller voir le feu d'artifice, mais on est parti trop tard. On croisait les gens qui commençaient à rentrer chez eux», raconte Franck. «On a alors senti un mouvement de foule venir dans notre dos. C'est alors qu'on a vu le camion arriver.»

«J'ai tout de suite compris»

Le père de famille dit avoir «tout de suite compris». «J'ai en tête les images des corps qui volaient. J'ai alors décidé de déposer ma femme et d'accélérer», raconte Franck. «Pour rattraper le camion, il fallait slalomer entre les gens, vivants ou morts... J'étais à fond, je n'avais que l'arrière du camion dans les yeux et étais déterminé à aller au bout.»

Parvenu à la hauteur du 19 tonnes («j'ai un 300 cm3, ça accélère vite»), Franck parvient à s'accrocher à la cabine. «J'étais sur les marches, au niveau de la fenêtre ouverte. Face à lui. Je l'ai frappé, frappé et frappé encore, de toutes mes forces.J'étais prêt à mourir. J'étais lucide et prêt à mourir pour l'arrêter.»

Pourtant, l'auteur de l'attaque semble ne pas broncher. «Il pointait son arme sur moi. Il essayait de la manipuler ou de la charger et appuyait sur la gâchette, mais ça ne marchait pas. Et puis il a fini par me mettre un coup de crosse sur la tête.»

Interpellé par la police

Fortement ralenti, le camion est désormais à la portée de la police, qui donne l'assaut. Franck, lui, se dissimule sous le camion. «Je me suis mis à plat ventre, la tête sur le côté. Il y avait des tirs dans tous les sens!» Dans la confusion, le Niçois se fait interpeller par la police.

Une fois la vérité rétablie, une ambulance arrive pour prendre le quadragénaire en charge. «Ils craignaient que je fasse une hémorragie interne. Mais je n'ai qu'une côte cassé et un petit enfoncement de la cage thoracique.»

De la compassion, Franck n'en veut pas. Il explique avoir agi à l'instinct. «Pour moi, le tueur voulait aller jusqu'au bout de la plage et faire encore plus de morts. Je savais que mon fils se trouvait là-bas. Ça m'a donné du courage. Quitte à me faire traîner sur trois kilomètres, j'aurais fait en sorte qu'il n'y arrive pas.»

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