L’énigme du commencement
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«Il y a quelques années, un ancien camarade de bac me disait, mi-taquin, mi-sérieux: «Credo quia absurdum» (je crois parce que c’est absurde). Il citait une antique formule célèbre dont j’ignore l’origine.
Voulait-il apaiser son désespoir de ne pas comprendre par le recours à l’absurdité des croyances, ou exorciser l’absurdité d’un monde sans cause par un saut dans l’irrationnel? Il est trop tard pour le lui demander.
Un autre camarade d’études, géologue bien vivant, m’écrivait l’autre jour sa foi en un «Dieu-Créateur sans lequel rien ne saurait exister», en déplorant que son plan primitif de paix et d’amour ait été détourné (par qui?) dès le commencement chaotique de la Terre, il y a des milliards d’années, bien avant la naissance des premiers humanoïdes. Tout en dénonçant la vacuité et la trahison des religions, il espère une restauration ultime des promesses bibliques.
On m’enseigna naguère que la foi doit précéder l’intelligence! N’est-ce pas le contraire? Quand saint Augustin déclare: «Credo ut intellegam» (je crois afin de comprendre), il ne fait, me semble-t-il, que parler du dieu sourd-muet de la philo, de l’horloger de Voltaire ou de l’architecte des francs-maçons. Une énigme ne se résout pas par une kyrielle de mystères déduits de textes hétéroclites autoproclamés révélation divine.
Michel Bavaud,
Treyvaux