La Liberté

L'homme se prend pour Dieu, dénonce le pape

Rome • Une nouvelle fois, le pape François a déploré avec force que l’homme se prenne pour Dieu et se soit accaparé la création. Célébrant samedi la messe de la Toussaint au grand cimetière du Verano, à l’est de Rome, le pape a souhaité sur un ton grave que la force du Seigneur puisse «arrêter cette course folle de destruction» dont les premières victimes sont à ses yeux les petits, les pauvres.

APIC

Publié le 02.11.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Face aux innombrables tombes du cimetière romain du Verano, dans une homélie entièrement improvisée, le pape François a commenté la première lecture du jour, dans l’Apocalypse de saint Jean, où les anges qui ont reçu le pouvoir de dévaster la terre et la mer se retrouvent face à la foule immense des rachetés. «Nous sommes capables de dévaster la Terre mieux que les anges, et nous sommes en train de le faire», a alors mis en garde le pape, l’air grave, avant de dresser une sombre liste : «Dévaster la création, dévaster la vie, dévaster les cultures, dévaster les valeurs, dévaster l’espérance».

«Combien avons-nous besoin de la force du Seigneur pour (…) arrêter cette course folle de destruction, la destruction de ce qu’Il nous a donné, des choses plus belles qu’Il a faites pour nous», s’est alors exclamé le pape.

Puis le pape a confié avoir regardé, avant la messe, des clichés du premier grand bombardement de la Seconde Guerre mondiale sur Rome, le 19 juillet 1943, qui toucha le quartier San Lorenzo et le cimetière romain. «Dans la sacristie, lorsque je regardais les photos d’il y a 71 ans, j’ai pensé que cela avait été tellement grave, tellement douloureux, mais cela n’est rien à côté de ce qui se passe aujourd’hui», a confié le pontife. «L’homme s’accapare tout, a poursuivi le pape, il se prend pour Dieu, il se prend pour un roi… et les guerres, qui continuent, pas vraiment pour semer la vie, détruisent, c’est l’industrie de la destruction !»

«Ceux qui étaient des personnes et qui ont fini comme un déchet»

«Cette dévastation est l’œuvre de la culture du rejet, on rejette des peuples», a une fois encore déploré le pape François dans une expression qui lui est chère. «Lorsque les choses ne peuvent pas s’arranger, a-t-il expliqué, on les rejette : on rejette les enfants, on rejette les personnes âgées, on rejette les jeunes sans travail».

Puis la pensée du pape s’est tournée vers les peuples en guerre au Moyen-Orient. «Il commence maintenant à faire froid», a dit le pape avant d’évoquer «ces pauvres qui doivent fuir de leurs maisons, de leurs villages, pour sauver leur vie, dans le désert, qui vivent sous la tente et ressentent le froid, sans médicaments, affamés». «Cela, a-t-il encore lancé, parce que l’homme-dieu s’est accaparé la création et toutes les choses belles que Dieu a faites pour nous».

«Mais qui paye cette fête ?» a demandé le pape François avant d’apporter sa propre réponse : «ce sont eux, les petits, les pauvres, ceux qui étaient des personnes et qui ont fini comme un déchet». «Ce n’est pas de l’histoire ancienne, a-t-il aussitôt prévenu, cela a lieu aujourd’hui, ici et partout». Invitant les fidèles à penser à ces nombreux saints inconnus, le pape a assuré que cette multitude était devant Dieu et lui demandait : «le salut s’il vous plaît, la paix s’il vous plaît, du pain s’il vous plaît, un travail s’il vous plaît».

Le pape a également eu une pensée pour ceux qui sont persécutés pour leur foi, avant de demander à Dieu d’avoir pitié de son peuple, d’avoir pitié de ceux qui sont dans la grande épreuve et qu’il ait aussi pitié des destructeurs, pour qu’ils se convertissent.

C’est la deuxième fois que le pape François célébrait ainsi la messe de la Toussaint au cimetière communal de Rome, à l’est de la capitale italienne. Lors de cette messe, près d’une statue de la Vierge Marie, avaient été installées des reliques des saints Jean XXIII et Jean-Paul II, canonisés en avril denier.

Le 2 novembre, jour de la fête des défunts, le pape se rendra à 18h dans la crypte de la basilique Saint-Pierre pour un temps de recueillement sur la tombe de plusieurs de ses prédécesseurs. Puis, comme chaque année après la fête de la Toussaint, le pontife célèbrera dans la matinée du 3 novembre une messe en mémoire des cardinaux et évêques morts depuis un an, toujours dans la basilique vaticane.

 

Articles les plus lus
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11