La Liberté

«La saga m’a attrapé très vieux, à 14 ans»

L'invité du lundi • Alexandre Ariosa, responsable de la section fribourgeoise de la Swiss Force Academy, enseigne l’art du combat au sabre laser. Et en cette année «Star Wars», où toute la galaxie retient son souffle, la Force est avec lui.

Alexandre Ariosa, sabre en main: «Quand on voit ce que le réalisateur J.J. Abrams a réussi avec «Star Trek», son «Star wars 7» promet!» © Alain Wicht
Alexandre Ariosa, sabre en main: «Quand on voit ce que le réalisateur J.J. Abrams a réussi avec «Star Trek», son «Star wars 7» promet!» © Alain Wicht
Il ne manque à Alexandre Ariosa que la capacité de déplacer des objets par la pensée pour être un vrai Jedi. © Alain Wicht/La Liberté
Il ne manque à Alexandre Ariosa que la capacité de déplacer des objets par la pensée pour être un vrai Jedi. © Alain Wicht/La Liberté

Pascal Bertschy

Publié le 14.12.2015

Temps de lecture estimé : 10 minutes

«Star Wars - Le réveil de la force», septième volet de «La guerre des étoiles», signé J.J. Abrams, sort le 18 décembre. Début mai, «La Liberté» avait déjà pris un billet pour l’espace, et mis le cap sur... Marly! Là où Alexandre Ariosa vit avec son épouse, leur fille de dix mois et notamment sa vingtaine de sabres laser… Son portrait (première parution le 4 mai 2015 dans le cadre de notre rubrique «L'invité du lundi») est à retrouver ci-dessous.

Bande-annonce 2 pour «Star Wars - Le réveil de la force»

Les fans de «Star Wars» ont beau être des millions, ils ne se ressemblent pas. En voici un de vraiment unique: Alexandre a 32 ans, est né de parents uruguayens et vient de Genève. Il est père au foyer, vidéaste, formateur tous terrains et responsable de la Swiss Force Academy (SFA), à Fribourg, où il enseigne chaque mercredi les arts du combat au sabre laser.

Ça peut faire mal, cette affaire? «Si on s’en sert comme une arme, c’est comme un bâton. Toute arme est noble et dangereuse. Mais, à la SFA, je travaille dans la légèreté. Le combat au sabre laser est une recherche d’adaptation d’escrimes existantes à un contexte de science-fiction. C’est fun, mais avec des exigences sportives, physiques et mentales équivalentes à celles de n’importe quel art martial.»

Il se plaît à Fribourg, il y reste

Alexandre a des airs de Qui-Gon Jinn, le maître Jedi auquel il s’identifie. Même grande allure, même regard doux, même longue tignasse. Ses épées à LED, avec sons et lumières adéquats, sont à couper… le souffle. Rien à voir avec des jouets d’enfant. Ces parfaites répliques des lames de «Star Wars», fabriquées aux Etats-Unis, coûtent entre cent et sept cents francs.

Qui-Gon Jinn et Obi-wan Kenobi combattent Darth Maul dans «La Menace Fantôme»

S’il a des étoiles plein la tête, l’homme n’est pas pour autant dans la lune. Il a déjà fait mille choses dans la vie, y compris speaker aux Vernets pour les matches de Genève-Servette. Ce qui l’a amené par ici? «Ma femme, originaire de Vuissens, avait envie de revenir à Fribourg. Nous devions y rester deux ans, mais je me suis plu et…»

De «La guerre des étoiles», il se fait une idée aérienne, allègre et sérieuse. «La saga m’a attrapé très vieux, à 14 ans. Pour moi, les «Star Wars» étaient jusque-là ces gentils films que la télé diffusait à Noël. Mais quand George Lucas sort la nouvelle édition de sa trilogie, en 1997, la bande annonce m’attire. J’y vais et là, au Rialto à Genève, je deviens fou. J’adore! En 1997, j’ai vécu en adolescent ce que les gens de votre âge avez vécu au début de la saga en 1977.»

Ne relevons pas l’allusion aux vieux et contre-attaquons: les Jedi qui pouponnent à la maison au lieu de combattre l’Empire, c’est nouveau ça? «Oui, mais la naissance d’un enfant est également une sacrée aventure! Han Solo est père au foyer et c’est la princesse Leia qui travaille, chez nous, mais dans un total équilibre. En plus, moi qui ai été élevé par des femmes, je suis fondamentalement féministe. Et je n’ai jamais été carriériste…»

Science-fiction mon amour!

Joëlle, qui est médecin, s’amuse des passions de son remuant mari. «Tout ça prend une telle place, dans notre vie, que ça ne pourrait pas fonctionner si Joëlle ne comprenait pas les choses aussi bien.» Le couple, épris de science-fiction, possède aussi des costumes de la série culte «Battlestar Galactica». Cela devrait laisser perplexe. Ces adultes et leurs drôles de jeux ont pourtant quelque chose de jubilatoire.

A 15 ans, il bricolait ses premiers spectacles «Star Wars» avec une technologie qui n’était pas celle d’aujourd’hui. Ouf, on a changé de siècle. Depuis, il a affiné son armurerie. Il a aussi fait une grande rencontre: Jan Fantys, pionnier du combat à l’épée laser et patron de l’Ecole lémanique d’arts et d’actions à Lausanne, avec qui il collabore. «Maître Fantys a présenté cette année à Polymanga un show avec deux cascadeurs pros. Il fallait voir comme ils envoyaient la pâtée! Impressionnant…»

Il a prévu de rejoindre bientôt X-Wing, le fan club «Stars Wars» de Fribourg, «pour faire le lien» avec la SFA. Le système solaire est petit: il côtoie déjà un des membres du club… au sein des pompiers volontaires. «La fonction de pompier me permet d’être un petit peu Jedi en étant au service des gens sans être policier, donc sans avoir quoi que ce soit de répressif.»

Le pacifiste a parlé. Gamin, il était fou de «McGyver» et «Code Quantum». Merci mes séries! «Aujourd’hui, grâce à elles, je suis un non-violent qui ne se sépare pas de son couteau suisse, comme McGyver, et, comme le docteur Samuel Beckett de «Code Quantum», je suis un privilégié qui milite en faveur de l’égalité des droits.»

Alexandre le sage: «C’est très dur d’être héroïque dans la vie. Tenez, Akhenaton: le rappeur, qui est un de mes mentors, a accepté de faire de la pub pour Coca. Même s’il reversera l’argent à des œuvres caritatives, cela me laisse pensif. D’où l’utilité d’avoir des héros de fiction pour modèles: leurs idéaux sont inatteignables, pour nous tous, mais ils ont une vocation éducative. Et avec un peu de chance, ils nous aideront à nous construire…»

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Alexandre Ariosa ouvre sa galaxie

> Ce qu’il aimerait qu’on dise de lui: «Des choses vraies.»
> Un pays où il pourrait vivre: «Le Québec, découvert grâce au Mondial de l’impro avec la Fédération d’improvisation genevoise.»
> Une gourmandise: «Le fromage.»
> Une boisson qui le dope: «Le thé froid.»
> Un air qui berce son âme: «Si je devais emmener un titre sur une île déserte, un seul, ce serait «Rhapsody in blue» de George Gershwin. Il mêle tant d’éléments musicaux qu’on pourrait l’écouter à l’infini…»
> Un livre qui l’a marqué: «Haroun et la mer des histoires», de Salman Rushdie.»
> Une belle femme: «Joëlle Ariosa-Emery.»
> Son «Star wars» favori: «C’est «L’empire contre-attaque» (Irvin Kershner, 1980), principalement pour la qualité de sa réalisation.»
> Et l’épisode qu’il aime le moins: «Je les aime tous, même ceux de la deuxième trilogie qu’on a beaucoup critiqués. Les six films sont inégaux, mais je pourrais les regarder mille fois en ayant toujours le même plaisir!»
> Son personnage fétiche dans la saga: «Qui-Gon Jinn, que joue Liam Neeson. C’est un maître qui ne fait pas partie du Conseil Jedi à cause de son caractère non-conventionnel et je me retrouve en lui. Je la ramène souvent, moi aussi, et ça m’a souvent porté préjudice.»
> Dernière fois où il est passé du côté obscur de la Force: «Hier, quand trois trucs n’ont pas fonctionné et que j’ai gueulé. Je suis latin: je monte vite et je descends vite aussi.»
> Ce qui le fait toujours rire: «Le comique de situation. Je suis d’ailleurs fan de sitcoms.»
> Ce qui a le don de l’énerver: «Les gens qui n’ont pas envie de comprendre.»
> Ce qui l’effraie: «Perdre quelqu’un de ma famille. Cette idée me terrorise au point que je pourrais suivre, sur ce plan, le même chemin qu’Anakin (et futur Dark Vador, ndlr). Il a si peur de perdre sa femme, comme il a déjà perdu sa mère, qu’il accepte de passer un pacte avec le diable pour la sauver…»
> Ce qui le réjouit le plus: «Le sourire de ma fille le matin.»

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L’événement du jedi

En attendant Chewbacca et Han Solo

Chewbacca, alias Peter Mayhew, et Han Solo, alias Harrison Ford, dans «Star Wars 7»: que donnerait Alexandre pour voir ce nouveau volet avant sa sortie?  «Rien! Ce qu’il y a de bien avec «Star Wars», c’est son côté fédérateur. Nous sommes des millions à aimer la saga, si bien que chaque film est un plaisir à partager. Les séances privées ne m’intéressent pas, car rien ne vaut la joie de découvrir le film, le moment venu, avec les autres spectateurs.»

Bande annonce 1 pour «Star Wars - Le Réveil de la Force»

 

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Bio express

Son parcours sabre au clair

> Naissance le 24 juin 1982 à Meyrin (GE).
> Enfance à Genève avec son père Daniel, physicien, et sa mère Norma, fonctionnaire internationale (tous deux de nationalité uruguayenne).
> Vit à Marly avec son épouse Joëlle, qui est médecin urgentiste, et leur fille Erryn, âgée de dix mois et demi.
> Est père au foyer, vidéaste, enseignant à l’Ecole lémanique d’arts et d’actions (ELAA) à Fribourg et formateur d’adultes dans les domaines de l’éducation, de la communication et de la bureautique.
> Enseigne le combat au sabre laser au sein de la Swiss Force Academy (SFA) à Fribourg et s’adonne aux arts du sabre japonais.
> Pratique et enseigne aussi l’improvisation théâtrale.
> Site internet: www. force-academy.ch.

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