Il y a 20 ans, je postais une lettre à la poste de Cornavin (GE) pour Coire, elle arrivait sans problème le lendemain matin dans la capitale grisonne, pour seulement 60 centimes. Elle passait entre les mains d’une vingtaine de travailleurs et voyageait en train électrique jusqu’aux Grisons. Le directeur des PTT gagnait alors dans les 300 000 francs par année.

Aujourd’hui, je poste une lettre de Genève à Coire, le prix a augmenté de 70%, c’est 1 franc pour l’instant. Ma lettre va être scannée et codée, de gentilles machines vont la promener sur de longs rubans robotisés et elle ne verra que deux mains de travailleurs. Elle va voyager en camion diesel pour arriver le lendemain matin à l’autre bout du pays, c’est la Poste solution.

Fier de cette évolution, le conseil d’administration de La Poste SA a décidé d’offrir un salaire annuel d’un million de francs à sa directrice, soit une augmentation de 300% en vingt ans. Heureusement que le prix d’une lettre n’a pas suivi cette croissance! Père de famille, facteur durant trente-sept ans, au terme de deux ans de chômage et déjà trois mois à l’Hospice général, je me dis que dans ce système, après 50 ans, on ne vaut pas grand-chose.

Jean-Jacques Kissling, Genève