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Le pape pourrait participer au jubilé de la Réforme

Religion • Les protestants célébreront les 500 ans de la Réforme en 2017. Ils souhaitent une célébration de l'ouverture et ne veulent pas d'«anticatholicisme». Le pape François lui aussi est le très bienvenu à Wittenberg, a déclaré la théologienne Margot Käßmann, dans une interview.

Thomas Schiller, protestinter

Publié le 19.01.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

L’ambassadrice pour le jubilé de la Réforme 2017 de l’Eglise protestante d’Allemagne a expliqué: «chez nous, tout le monde est invité.» Mais une invitation de la tête de l’Eglise catholique doit se décider avec la Conférence des évêques catholiques allemands.

500 ans après l’affichage des thèses du réformateur Martin Luther (1483-1546) à Wittenberg, les différentes Eglises ont réalisé qu’elles partagent plus que des divisions, a déclaré Margot Käßmann «je ne peux pas imaginer que nous célébrions le début du XXIe siècle de façon anticatholique», ceux qui appartiennent aux autres confessions étant considérées en premier lieu comme des frères et sœurs dans la foi.

Ne pas gommer les faces sombres de la Réforme

Le dernier synode de l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD) a critiqué le fait qu’une part de l’Eglise catholique considérait le Jubilé comme une «commémoration de la Réforme» et voudrait donc éviter la notion de «célébration». «Le Vendredi saint est aussi un jour que nous célébrons», a déclaré Margot Käßmann. «Célébrer ne signifie pas carnaval permanent, mais toujours penser à, se souvenir, et ce peut être aussi difficile». Personne, parmi ceux et celle qui planifient les manifestations en 2017, ne voudrait gommer l’aspect de la responsabilité de la Réforme. Il s’agit notamment des guerres de religion et des persécutions, notamment celle des juifs.

Margot Käßmann a reconnu que l’antisémitisme de Luther était extrêmement lourd pour elle: «la véhémence, la violence de son langage à l’encontre de juifs est horrifiante.» Elle est contente que cette partie de l’histoire soit maintenant révolue, et continue en disant que l’Eglise protestante doit traiter de cela ouvertement. «Il s’agit aussi de la culpabilité de notre Eglise», a déclaré l’ancien évêque de Hanovre.

«Nous ne pouvons plus dire simplement: nous célébrons Luther», a déclaré Margot Käßmann. Tout d’abord, une date de 1517 est une date symbolique et l’affichage des thèses à la porte de l’église du château de Wittenberg est un fait controversé sur le plan historique. Ce qui est passionnant pour elle, c’est la question de savoir si les thèses renvoyaient déjà la Réforme, ou bien à un processus de réforme intracatholique.

Une étape importante vers la démocratie

Ce qui demeure incontesté dans l’œuvre de Martin Luther, c’est le retour à la Bible, a déclaré Margot Käßmann: «le fait que le chrétien puisse penser sa foi en toute liberté est une gigantesque découverte qui a eu de multiples impacts.» Avec Luther, c’est tout ce qui touche à la question de l’éducation qui est venu à l’ordre du jour: «l’école pour chaque garçon, pour chaque fille –indépendamment de leur origine sociale». Elle termine en soulignant qu’il lui semble que le fait que Luther ait attaché une si grande importance à la conscience de l’individu a probablement été une étape importante dans l’évolution vers la démocratie.

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