La Liberté

Le pont tant rêvé est enfin inauguré

Poya • Le pont de la Poya a été inauguré hier après midi en présence de la conseillère fédérale Doris Leuthard. Environ 750 personnes étaient invitées à l’événement émaillé de nombreux discours, moments forts et solennels.

La conseillère fédérale Doris Leuthard, le conseiller d’Etat, Maurice Ropraz et la présidente du Grand Conseil fribourgeois Kathy Thalmann-Bolz ont procédé au couper du ruban juste après une salve d’honneur remarquée des Grenadiers. © Vincent Murith
La conseillère fédérale Doris Leuthard, le conseiller d’Etat, Maurice Ropraz et la présidente du Grand Conseil fribourgeois Kathy Thalmann-Bolz ont procédé au couper du ruban juste après une salve d’honneur remarquée des Grenadiers. © Vincent Murith

stéphanie Schroeter

Publié le 11.10.2014

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Retrouvez les images de l'inauguration dans notre galerie photos

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Dans l’assistance, plusieurs paires d’yeux humides, voire mouillés. L’émotion et la joie, sans doute. La fierté surtout. Celle d’un rêve qui se transforme en réalité. Après cinquante ans d’attente et six ans de travaux, le pont de la Poya a été officiellement inauguré hier après midi. Environ 750 personnes ont été invitées à participer à l’événement qui s’est déroulé dans le tunnel du fameux ouvrage.

Cheffe du Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, la conseillère fédérale Doris Leuthard a procédé au couper du ruban, aidée du conseiller d’Etat, Maurice Ropraz, directeur de l’Aménagement, de l’environnement et des constructions (DAEC). Sans oublier Kathy Thalmann-Bolz, présidente du Grand Conseil.

Un moment solennel précédé d’une kyrielle de discours et d’intermèdes tout aussi solennels. Comme la présence d’enfants singinois et sarinois en costumes traditionnels. Ou la prestation fort remarquée du Contingent des grenadiers fribourgeois dont la salve d’honneur a provoqué sourires et nuages de fumée. Pratique pour les photos avant le couper de ruban!

L’arrivée en calèches de représentants du Conseil d’Etat mais aussi du syndic de la ville de Fribourg Pierre-Alain Clément et du préfet de la Singine Nicolas Bürgisser ainsi que de son homologue sarinois, Carl-Alex Ridoré a sans doute marqué les esprits.

Le pont, un symbole

Côté allocutions, de nombreux orateurs ont eu une pensée émue pour la cathédrale de Fribourg. L’objectif principal du pont de la Poya qui sera mis en service demain après midi étant, rappelons-le, de protéger le quartier du Bourg et la célèbre tour du trafic de transit. Certains ont dès lors tenté quelques métaphores poétiques. «Les haubans lui lancent un clin d’œil malicieux. Notre cathédrale lui répond en s’élevant vers les cieux», note Maurice Ropraz.

Les ponts entre cultures, principalement linguistiques mais aussi entre les générations, ont également été largement évoqués. A l’instar de la mobilité qui est, et restera, un «défi» selon Doris Leuthard. «C’est une illusion de croire qu’il suffira toujours de construire simplement de nouvelles infrastructures pour résoudre les problèmes!», relève la conseillère fédérale après avoir fait l’éloge du pont de la Poya qui plus qu’un «événement local est un symbole».

Bénédiction silencieuse

Cette inauguration a aussi été émaillée de moments forts. Les anciens conseillers d’Etat en charge de la DAEC, Roselyne Crausaz, Pierre Aeby, Claude Lässer, Beat Vonlanthen et Georges Godel ont dévoilé ensemble une plaque commémorative qui a été scellée à un mât du pont.

Et puis, il y a eu la minute religieuse avec la bénédiction de l’ouvrage par Monseigneur Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Fribourg et Genève et par Pierre-Philippe Blaser, président du Conseil synodal. Un baptême silencieux et obscur à la suite d’une fâcheuse coupure de courant. Ce dernier a été fort heureusement vite rétabli pour écouter un extrait prometteur du spectacle «Ponteo» qui sera joué à Forum Fribourg dès le 20 novembre prochain. De quoi donner envie de festoyer et danser sur le pont de la Poya. Enfin!

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750 invités triés sur le volet

«Nous n’avons pas reçu de carton d’invitation. Pourtant nous avons passé pas mal de temps sur ce chantier et y avons travaillé dans des conditions parfois difficiles, dans l’eau, en hiver.» Associé de l’entreprise TSM basée à Cerniat, Jacques Demierre est déçu mais aussi surpris de ne pas avoir été convié hier à l’inauguration officielle du pont de la Poya qui a réuni environ 750 personnes. «Ce n’est pas la fin du monde, on est d’accord. On a fait un travail et on a été payé pour ça. Mais normalement, lorsqu’un chantier se termine on est invité à l’inauguration. C’est d’autant plus étonnant et dommage car peu d’entreprises fribourgeoises ont participé à ce chantier», poursuit l’entrepreneur qui s’est occupé du minage des puits et de l’éperon rocheux, entre autres.

Qui sont donc ces 750 invités? «Ce sont des représentants politiques du canton mais aussi des communes de Fribourg et Granges-Paccot. Il y a aussi des associations professionnelles, syndicats, notamment. Tous ceux qui ont gravité autour de la construction du pont», résume Corinne Rebetez, responsable de la communication auprès de la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions. Et l’ingénieur cantonal, André Magnin de préciser que toutes les entreprises ont été invitées. «Mais seulement celles avec lesquelles nous avions un contrat. Les sous-traitants, comme TSM, n’ont pas été conviés. C’était au consortium (Implenia-Grisoni et Routes Modernes, ndlr) de décider qui allait participer.» SSc

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Unia tire la sonnette d’alarme

Un casque fleuri, une pelle et une truelle. Pour rappeler que la construction est un secteur qui enregistre trois fois plus d’accidents que pour l’ensemble des salariés, le syndicat Unia Fribourg a fixé symboliquement ces outils de travail sur une barrière à l’entrée du pont de la Poya, côté Schoenberg, hier avant les réjouissances. Non pas pour gâcher la fête, explique Armand Jaquier, son secrétaire régional. Mais «pour ne pas oublier que les accidents sont encore trop fréquents sur les chantiers».

Rien que dans le canton de Fribourg, 1431 accidents de travail de toutes natures ont été déclarés en moyenne à la Suva chaque année de 2009 à 2012. Autre chiffre: de 2009 à aujourd’hui, six décès ont eu lieu lors de travaux liés à la construction. Dont celui d’un ouvrier de 40 ans qui a perdu la vie sur le chantier de la Poya, en novembre 2010.

«Ce jour-là, il pleuvait beaucoup. Toutes les entreprises ont arrêté leurs activités, sauf l’équipe des travaux spéciaux et Implenia qui ont continué, probablement sous la pression des délais», rappelle Armand Jaquier. «Ce cas tragique est emblématique de la question des intempéries. Les entreprises font faire des heures supplémentaires pour compenser, par anticipation, les heures où ils doivent arrêter les chantiers quand il fait mauvais temps. Cela leur évite des démarches administratives auprès de la caisse-chômage pour récupérer des indemnités», fait remarquer le syndicaliste.

Le thème des intempéries sera la principale revendication d’Unia lors des négociations de la convention collective de travail 2015. Il est ressorti en tête d’un sondage national réalisé cette année et auquel plus de 14 300 ouvriers ont répondu. Quatre sondés sur cinq font de cette problématique une priorité. CAG

Le pont en chiffres

Des dates

> 1989 Concours du projet organisé par la ville de Fribourg.

> 1996 Reprise du projet par le canton.

> 2006 Votation populaire.

> 31 octobre 2008 Premier coup de pioche.

> 12 octobre 2014 Mise en service du pont.

Des sous

> 211 millions Total des coûts dont 81 mio de subventions de la Confédération.

Des données techniques

> 851,6 m Longueur du pont.

> 2770 m Longueur totale (pont et tunnel).

> 19,25 m Largeur du tablier.

> 196 m Portée centrale de l’ouvrage (record suisse pour un pont haubané).

> 56 Nombre de haubans.

> 16 000 m3 de béton.

> 38 700 m2 de coffrage. SSc

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