La Liberté

Le vertige français et l’antidépresseur JSA

Publié le 03.09.2016

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Entrons deux minutes dans la peau d’un Français qui se torture les neurones: à qui donc confier le timon du pays dès mai 2017? Exercice vertigineux. Jamais sans doute, depuis la première élection du président de la République par le peuple en 1965, l’affaire n’a-t-elle été si brumeuse à quelques mois du scrutin. Les deux camps habituellement en présence, la gauche et la droite, sont usés et divisés. La qualification pour le duel final de l’égérie du Front national Marine Le Pen paraît acquise. Dans ce cas-là, le sursaut républicain qui avait valu à Jacques Chirac 82% des suffrages face à Jean-Marie Le Pen, en 2002, serait probablement bien moins vigoureux.

Selon la formule ampoulée, l’élection présidentielle française est «la rencontre d’un homme et d’un peuple». Pour le rendez-vous de 2017, les candidats se bousculent mais le peuple est loin de trouver son bonheur dans les premiers speed datings. Se remettre en ménage avec celui qui, en 2012, fut mis à la porte avec ses valises de promesses non tenues, son ego de mont­golfière et sa rhétorique de charretier? Dans «Nicolas II, le retour», Sarkozy illustre les ravages de l’addiction au pouvoir: il est prêt à prendre la vague de n’importe quelle idée pourvu qu’elle soit porteuse, se sert des drames pour laisser accroire que sa présence à l’Elysée les aurait empêchés, s’assied sur l’Etat de droit… Pathétique! Il avait beaucoup dénaturé la fonction présidentielle lors de son quinquennat. Il continue la sape dans son rôle de chef clanique.

Et que dire de François Hollande, que le pouvoir si mal exercé a affecté de surdité et de cécité? Comment comprendre autrement son désir de se représenter, alors que tous les sondages claquent comme des sanctions définitives? Oui, par le passé, des zombies sont revenus du néant pour triompher. Mais aucun n’était descendu si profondément dans les enfers de l’impopularité. Les précandidatures de quatre ou peut-être cinq anciens ministres du président valent, pour lui, comme autant d’actes de défaut d’autorité, même chez les siens. Qui alors pour lui succéder? Du marais des prétendants émerge pour l’heure l’ancien premier ministre (de 1995 à 1997) Alain Juppé, belle mécanique intellectuelle, pas démago ni charismatique pour un centime d’euro, 72 ans en 2017. L’impression se répète ainsi d’une machine politique qui bégaie, qui recycle les mêmes élites des décennies durant, au service d’un pouvoir qui bute sur les mêmes difficultés. Les Français attendent toujours tant de leur roi et de la Providence étatique! Ils n’élisent pourtant qu’un homme à la tête d’un Etat sclérosé.

Ce spectacle nous fascine tout en nous réconciliant parfois avec la présidence transparente d’un JSA. Lesté d’aucune attente au début de son année de primus inter pares, Johann Schneider-Ammann ne pouvait donc nous décevoir. O bonus, il nous aura donné sans le vouloir un sketch de collection lors de la Journée des malades! Cet antidépresseur a même été prescrit en France par des médias moqueurs et donc, pour un bref temps, détournés de leur triste ragoût électoral. JSA bon pour la santé ici et ailleurs, merci qui?

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