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Bayern, oui, mais Achtung!

L'ancien, nouveau et futur champion d'Allemagne écrase tout sur son passage. Si la toute-puissance bavaroise vous donne des boutons, toutefois, ne désespérez pas! Ce club vivra bientôt des jours difficiles...

Pep Guardolia, entraîneur d'un Bayern qui écrase tout sur son passage et en devient terrifiant. DR
Pep Guardolia, entraîneur d'un Bayern qui écrase tout sur son passage et en devient terrifiant. DR

Pascal Bertschy

Publié le 27.03.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Encore! Avec le Bayern, ça n'arrête plus. Tout le temps en train de gagner, d’établir de nouveaux records. Cela en devient terrifiant. Vingt-sept matches, vingt-cinq victoires, deux nuls et le titre en poche dès la fin du mois de mars: l’actuel Bayern Munich se pose aujourd’hui en meilleure équipe de l’histoire de la Bundesliga, meilleure encore que le Bayern de la saison dernière!

Digne de Jordan ou de Merckx

Avez-vous entendu la drôlerie de Jürgen Klopp? Le merveilleux entraîneur de Dortmund, s’adressant aux Bavarois pour les féliciter de leur nouveau sacre, a eu ce mot: «Pour vous suivre, il faut un télescope!»

Ben oui, quoi! Ce que le «Rekordmeister» vient de réussir en Bundesliga constitue un peu plus qu'une démonstration de force. On a beau parler d’un sport d’équipe, on pense à Eddy Merckx, à Nadia Comaneci ou à Michael Jordan. Tous maîtres d’un terrain de jeu, en leur temps, où l’adversaire n’était là que pour mettre en valeur leur irrésistible chanson de geste.

La trouvaille Guardolia

On sait maintenant que le plus grand transfert de l’année dernière n’était pas le fait du Real et du Barça, lorsqu’ils ont recruté respectivement Gareth Bale et Neymar, mais celui du FC Bayern. Quelle riche idée que d’avoir engagé Pep Guardiola! Sous la direction de l’Espagnol, le champion d’Allemagne a encore progressé.

Sans rien perdre de l’efficacité du Bayern version Jupp Heynckes, le Munich guardoliste a franchi de nouveaux paliers dans la créativité, la conservation du ballon et le jeu au sol. Au point de posséder, aujourd'hui, un nombre d’armes et d’options à tomber par terre. Ne reste plus qu’à attendre le verdict de la Ligue des champions pour savoir si le Bayern de Guardiola se montrera encore plus totalitaire que le Barcelone période 2009-2011.

Le jour où l'Allianz Arena n'affichait pas complet

En attendant, heureux Bayern! Ce club, où le mot «deuxième» est tabou, est le seul à jouer tous ses matches à domicile à guichets fermés. La fois où l’Allianz Arena n’affichait pas complet, et accueillait 71’136 spectateurs au lieu des 71’137 habitués, ce fut à cause de Unser Manfred. Le pauvre était grippé et avait dû rester à la maison.

Là-dessus, depuis quarante ans, le Bayern a le privilège d'être ce club qu’on aime détester. A côté de la dizaine de millions d’Allemands qui l’adore, trente ou quarante millions d’autres honnissent le «FC Hollywood». En Grande-Bretagne, c'est dire, même Manchester United est moins haï que ça!

Le risque de l'ennui et de l'anémie

D'ailleurs, si vous faites partie des allergiques au Bayern, sachez que je compatis à votre douleur. Les temps sont durs, oui, mais courage!  Une petite lueur d’espoir brille au loin. Si, si! Regardez le FCB voler de triomphe en triomphe: eh bien, à force, il risque de s’habituer à la situation la plus déprimante qui soit pour un club comme pour un athlète: n'avoir pas de rival. Sans adversaire, un club s'ennuie et s'anémie. Tôt ou tard, il se défait dans la langueur.

Les ennemis sans merci, à ce point de vue, sont très précieux. Dans les années 1970, le Bayern avait la chance d’avoir pour rival le fantastique Mönchengladbach de Netzer. Il a eu ensuite Hambourg dans les années 1980, puis Dortmund dès la décennie suivante. Or, aujourd’hui, le Borussia est bon pour s’acheter un téléscope.

Après lui avoir piqué Mario Götze, le Bayern affaiblira encore un peu plus Dortmund en lui piquant bientôt les services de Robert Lewandowski. La super-puissance munichoise, prend désormais toute la place, toute la lumière. Elle n’a plus d’autre rival qu'elle-même, ce qui n’est jamais sain sur la durée.

Aussi, amis allergiques au Bayern, ne désespérez pas. Patience! Un jour viendra où, forcément, les Munichois tomberont de haut. Aux alentours de la saison 2095/2096, je dirais...

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