La Liberté

Del Curto et McSorley, jumeaux terribles

«Bienvenue au club!» • Heureux hockey suisse qui compte dans ses rangs deux tronches hors du commun. Deux grands bonshommes, disons-le, chacun à leur façon...

Pascal Bertschy

Publié le 26.03.2015

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Ces deux-là, entraîneurs? Il faut le dire vite. Depuis le temps, on sait qu’Arno Del Curto et Chris McSorley sont bien plus que ça. Tous deux jouent dans une catégorie à part et, pour changer, ils sont en train d’accomplir de nouveaux prodiges. 

Davos contre Genève-Servette, Del Curto face à McSorley: c’est la finale dont je rêvais cette année. Et que nous aurons si les Genevois, dévastés par les absences, éliminaient par on ne sait quel miracle le grand Zurich.

Des Davosiens ivres de vitesse et de joie 

Le miracle, en attendant, a élu domicile dans les Grisons. Avez-vous vu Davos contre Berne l’autre soir? Trop beaux, les joueurs de Del Curto! Leurs sarabandes étaient celles d’une jeune équipe ivre de vitesse, de jeu, de joie. 

Oui, jeu et joie: ce sont des mots que le triste Guy Boucher, qui dirige Berne avec un trouillomètre, ne doit pas connaître. Del Curto, lui, ignore surtout le mot peur. On est rock’n roll ou on ne l’est pas.

Denise Biellmann ne joue pas aux Vernets 

Ce que McSorley et les siens réussissent dans ces play-offs n’est pas mal non plus. Oubliez le 8-0 de mardi. Genève-Servette a du talent, mais pas comme Zurich ou Lugano. Pas grave. Quand on a cette âpreté au combat, cette force de caractère, cette générosité et ces émotions, cela vous dispense d’aligner une Denise Biellmann dans chaque trio.

Del Curto et McSorley ont des équipes à leur image. Avec Davos et Genève, il se passe toujours quelque chose. L’ennui n’est pas de mise. On a affaire à des gangs qui se donnent et on voit la patte du chef. 

Mais d’ici, j’entends déjà vos objections. L’autorité suprême, la confiance en soi, le culot, la patience, la poigne et le reste, me dira-t-on, c’est facile pour Del Curto et McSorley. En étant seuls maîtres à bord après Dieu dans leur club, ces deux-là peuvent bien avoir tout ça. Ils n’ont pas les contraintes des autres entraîneurs.

Taratata! Si le Grison et le Canadien semblent exercer un autre métier que la plupart de leurs collègues, c’est parce que tout chez eux sort de l’ordinaire. D’ailleurs, dans leur manière d’échapper au courant, on dirait deux monstres jumeaux. Leurs points au commun sautent aux yeux. 

Les autres ont un job et ces deux, une mission  

Ces deux hommes de tempérament, déjà, placent le hockey avant tout. Ils ne s’inquiètent pas de plaire ou de déplaire, ne cèdent sur quasiment rien, ont une façon unique de se fier à leur instinct. Ils apprennent, aussi: voir comment McSorley a changé au fil des ans. Enfin, pour tirer le meilleur d’un effectif, ce qu’ils peuvent éreinter leur monde! Toujours à vouloir améliorer leurs gars et donc à leur rentrer dans le lard...

Arno Del Curto et Chris McSorley, au fond, sont habités. Ils n'ont pas un job, contrairement aux autres, mais une mission. Bon an mal an, ils l’accomplissent avec acharnement. On dirait deux loups. 

Bezina et von Arx, ouste! 

Tenez, autre point qui leur est commun: ils sont incapables de s’attendrir. Longtemps, ces deux empereurs ont pu compter chacun sur un grand général sur la glace: Reto von Arx pour l’un et Goran Bezina pour l’autre. Or pour ces deux chefs de meute gagnés par l’usure, ce n’est plus ça. 

Bezina et von Arx ont beau eu se saigner pour leur équipe et incarner l’âme de leur club durant des années, ils donnent aujourd’hui leurs derniers coups de patin sous leur maillot fétiche. Pas de sensiblerie, pas de saison de trop! Del Curto et McSorley sont des types qui voient la réalité telle qu’elle est. Ils ont prié Bezina et von Arx de partir, en dépit de leurs glorieux états de service.

Salaud d’Arno, crisse de Chris! S’ils doivent choisir entre l’équipe et leur plus fidèle grognard, leur cœur ne balancera pas. Ils laisseront tomber aussitôt leur lieutenant, la preuve cette année! Del Curto et McSorley ont saisi cette bizarre vérité: avec le hockey, on ne met pas de gants. Ces deux loups m’épateront toujours. 

N’empêche, si j’étais un mouton, leur férocité me scandaliserait.

 

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