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Les Francomanias n'auront pas lieu en 2015

Bulle • L’association des Francomanias repousse le festival 2015 à une date «ultérieure», par manque de moyens et de perspectives.

Le concert de Brigitte lors de la 12e édition du festival des Francomanias, à Espace Gruyère, le 24 mai 2012. © Alain Wicht/La Liberté
Le concert de Brigitte lors de la 12e édition du festival des Francomanias, à Espace Gruyère, le 24 mai 2012. © Alain Wicht/La Liberté

Stéphane Sanchez

Publié le 04.12.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

«En l’état, le budget n’est plus suffisant et les délais sont trop courts pour organiser un festival en mai 2015. Les Francomanias sont reportées à 2016, voire plus tard si les conditions ne sont toujours pas réunies.» Jean-Philippe Ghillani avait le ton serein, hier après-midi, en commentant cette annonce adressée un peu plus tôt à la presse. Le directeur du festival parle même de «soulagement».

Le tourment vient des finances. Depuis plusieurs mois, l’association négocie avec des «organes de soutien», afin de «maintenir le niveau global des subventions par édition perçues jusqu’à aujourd’hui». Le directeur égraine les montants versés decrescendo par la Loterie romande (LoRo) et la Ville de Bulle: 50 000 francs en 2012, puis 270 000 francs en 2013, autant en 2014, et enfin 220 000 francs en 2015. «Ce n’est plus suffisant», estime le directeur, qui «ne commente ni ne juge les décisions» de ces deux partenaires - la BCF, autre sponsor clé, n’étant pas en cause. «Chacun a fait des efforts. Je ne jette pas la pierre», dit-il.

Bulle économise

Dans les deux cas, effort il y a eu, en effet. Même s’il n’a pas doublé les ressources de la manifestation. Du côté de la ville, Marie-France Roth Pasquier confirme: «Lors que M. Ghillani nous a présenté le passage des Francomanias du rythme biennal au rythme annuel (en 2013, ndlr), nous avons suivi», explique la conseillère communale responsable de la culture. Le soutien communal est passé de 180 000 francs (répartis sur deux ans) à 170 000 francs (annuels), dont 20 000 francs de garantie de déficit. Parallèlement, la Commission cantonale de la LoRo porte son soutien de 85 000 francs par an en moyenne à 100 000 francs, indique Jean-Paul Monney, son président.

Changement de donne pour 2015. «Le Conseil général nous a demandé de faire des économies», explique Marie-France Roth Pasquier. «Tous les domaines ont été touchés, y compris la culture. Notre soutien aux Francomanias est descendu à 140 000 francs, dont 20 000 francs de garantie de déficit. Mais nous sommes intervenus auprès de la LoRo pour qu’elle compense ces 30 000 francs.» Cette dernière est entrée en matière: «Nous avons accepté de verser 30 000 francs, mais à condition de revoir notre aide 2016-2018. C’était une avance», dit Jean-Paul Monney, qui assure «regretter» ce report d’édition.

Futur trop incertain

Jean-Philippe Ghillani évoque un autre motif à son abandon: l’absence de «visibilité» budgétaire à moyen terme. Là encore, la commune confirme: «Nous ne pouvons pas nous engager aujourd’hui sur le budget 2016 ou 2017», dit Marie-France Roth Pasquier. Idem à la commission de la LoRo, qui réévaluera précisément l’an prochain toutes ses aides triennales pour la période 2016-2018.

«Mais lorsqu’on discute d’un contrat avec des fournisseurs ou une salle, on négocie de meilleurs prix si l’on a cette visibilité», explique Jean-Philippe Ghillani. Pour lui, les Francomanias cumulaient ainsi les handicaps: «Toutes ces questions de subvention ont pris du temps. Se lancer tardivement pour faire une édition 2015 bâclée, avec trop peu de moyens, c’était déjà partir au casse-pipe. Mais le faire sans savoir si nous aurions ou pas la possibilité de nous refaire, c’était un risque trop gros», résume-t-il. «Et il était trop tard pour trouver d’autres sponsors. Nous n’avons d’ailleurs droit qu’à trois sponsors principaux.»

Ne pas s’entêter

Le directeur ne cache pas le «stress» de ces dernières semaines, d’habitude consacrées à finaliser des contrats: «Jusqu’à présent, nous nous sommes interdits de signer avec des artistes, ou de conclure des mandats. Et nous avons maintenant décidé de prendre la main, pendant que notre situation financière est saine. Le pire aurait été de s’entêter, de poursuivre sur une voie qui nous aurait conduits à une spirale. Nous nous donnons au contraire le temps de monter un projet solide pour 2016, 2017 et 2018.» Un projet qui tiendra compte des leçons tirées de la dernière édition, déficitaire (39 000 fr.): les tarifs seront revus, le public rajeuni et le style des Francomanias élargis au-delà de la chanson française.

Marie-France Roth Pasquier, tout en regrettant «vivement» la décision de l’association, y voit «de la sagesse»: «Mieux vaut ne pas risquer une perte préjudiciable pour l’avenir, alors qu’ils ont réussi à remonter la pente.»

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