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Les habits féminins: une vieille histoire!

Publié le 06.12.2016

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Le port de la burka se trouve cet automne au cœur des conversations. Le sujet est difficile à traiter. Chacun, en effet, possède une opinion, d’autant plus péremptoire qu’il ignore les origines de la tradition de la femme fort vêtue. Loin de moi l’idée de partir sur des considérations politiques et religieuses. Je me limiterai, plus modestement, à des considérations historiques, bien que je sache qu’elles sont inséparables du contexte religieux et politique que j’entends justement laisser de côté.

Pour comprendre historiquement cette tenue, il faut partir du bassin méditerranéen. Ce dernier a développé, parfois jusqu’à l’excès, une société marquée par la prédominance masculine. La société grecque de l’Antiquité, dont nous sommes les héritiers directs, possédait cette caractéristique. A Athènes alors, il était hors de question qu’une femme de la bonne société sortît en public la tête ou les bras nus. Au contraire, elle disparaissait sous divers voiles et autres étoffes. Il me semble que, bien que les traits du visage de la femme athénienne n’aient pas été cachés, le but de cet habillement était le même que celui de la burka: il fallait soustraire le corps de la femme au regard de l’homme. Entre les deux sortes de vêtement, par conséquent, ce n’est qu’une différence d’intensité et pas de qualité! Ce qui nous choque, nous autres Occidentaux, c’est que ces pratiques, qui ont disparu de chez nous depuis des siècles, réapparaissent soudainement dans nos sociétés où des luttes féroces se sont passées et se passent encore pour que les femmes obtiennent la place qu’elles méritent.

Seul alors, le recul historique permet de comprendre que les femmes qui portent volontairement une burka aujourd’hui ne font que se conformer à une tradition ancestrale. Cette mise en perspective nous permet de relever qu’un habillement jugé traditionaliste, voire réactionnaire n’est pas forcément la preuve d’une mentalité obscurantiste! En effet, la Grèce de l’Antiquité n’était pas réactionnaire. Elle n’est pas non plus une société finie et oubliée depuis longtemps puisque ses valeurs ont marqué fortement nos sociétés et les imprègnent encore dans de très nombreux domaines. Pourtant, la Grèce de l’Antiquité recouvrait presque entièrement ses femmes. Bien plus, elle les a toujours considérées comme d’éternelles mineures et leur a dénié quasiment toute vie sociale. Un tel modèle s’est transmis à nos sociétés et ce n’est que très progressivement que les femmes occidentales ont pu s’en affranchir. Les sociétés orientales ont suivi un autre chemin.

Il faut reconnaître toutefois que porter une burka dans nos sociétés contient une part certaine de provocation. Tâchons cependant de ne pas y succomber en nous souvenant que les femmes qui la portent viennent de pays qui ont évolué différemment des nôtres. Par conséquent, il ne leur est pas facile d’effectuer rapidement une transformation que nous avons mis des siècles à accomplir.

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