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Leur «grand frère» était en réalité un abuseur manipulateur

Justice • Une sordide affaire est actuellement jugée par Tribunal de la Sarine. Un Fribourgeois de 23 ans est accusé d’actes d’ordre sexuel avec des enfants, de viol, de contrainte sexuelle, de «stalking» (harcèlement obsessionnel) et de pornographie.

L'accusé dort en prison depuis 32 mois et les psychiatres se gardent de tout optimisme en ce qui concerne son avenir. © Alain Wicht/La Liberté
L'accusé dort en prison depuis 32 mois et les psychiatres se gardent de tout optimisme en ce qui concerne son avenir. © Alain Wicht/La Liberté

Marc-Roland Zoellig

Publié le 20.11.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

«Psychopathe», «fou», «menteur», «manipulateur». C’est ainsi que ses trois jeunes victimes décrivent aujourd’hui leur tourmenteur, un Fribourgeois de 23 ans. Tassé de toute sa masse sur la chaise d’infamie du Tribunal de la Sarine, le jeune homme, obèse, est accusé d’actes d’ordre sexuel avec des enfants, de viol, de contrainte sexuelle, de «stalking» (harcèlement obsessionnel) et de pornographie. Il dort en prison depuis 32 mois et les psychiatres se gardent de tout optimisme en ce qui concerne son avenir. Les jeunes filles dont il a cruellement abusé en profitant de son ascendant sur elles tentent de se reconstruire tant bien que mal.

Au moment des faits, qui se sont étalés sur quatre ans entre 2008 et 2012, elles étaient âgées de 13 à 18 ans. L’une d’elles - la plus jeune - a préféré ne pas être confrontée directement au prévenu hier. Elle a répondu aux questions du tribunal (qui siégeait à huis clos, sauf pour les médias accrédités) en s’abritant derrière un paravent la soustrayant au regard de son abuseur.

La jeune fille avait entretenu une relation amoureuse consentie avec l’accusé, avant de rompre quelques mois plus tard. Le jeune homme, de cinq ans son aîné, était alors revenu à la charge en la submergeant de SMS et de messages Facebook dans lesquels il la menaçait de transmettre à ses parents des vidéos la montrant dénudée. Le harceleur avait obtenu plusieurs relations sexuelles grâce à ce chantage. Il s’en était ensuite vanté dans une lettre au ton agressif envoyée aux parents de la jeune fille (qui ignoraient jusqu’alors tout de ces événements) après que celle-ci a osé témoigner lors de l’enquête le visant.

«Je ressens de la colère, de la honte et aussi de la culpabilité», a confié hier la jeune fille, qui pensait avoir trouvé en l’accusé une sorte de grand frère protecteur. «Au début, je croyais que le problème venait de moi car j’avais voulu rompre.»

Culpabilité et honte, ces deux termes sont souvent revenus lors de l’audience d’hier. Du moins dans la bouche des victimes…

La seconde plaignante, qui considérait elle aussi le prévenu comme un confident et un ami, a ainsi subi une série d’abus sexuels d’une perversité croissante, impliquant des actes de scatologie.

Pour arriver à ses fins, le prévenu avait usé d’une machination dépassant l’entendement: il contactait sa victime - âgée de 14 ans au début de leur relation - sur Facebook en endossant d’autres identités. Notamment celle d’un jeune homme grand et mince, par contraste avec sa véritable allure. Il prétendait disposer d’images compromettantes qu’il menaçait de transmettre aux parents de la jeune fille si elle refusait de le rencontrer et de se soumettre à ses désirs.

A deux reprises, la victime s’est ainsi rendue à des rendez-vous dans une forêt marlinoise en compagnie du prévenu, qu’elle prenait pour son protecteur. Pensant répondre aux injonctions du maître chanteur, elle se laissait ligoter à un arbre et bander les yeux. L’accusé s’éclipsait alors avant de revenir la violer de la plus odieuse des manières en endossant son rôle d’emprunt. Puis il rappliquait sous sa véritable identité. Pour la consoler…

Après avoir compris l’horrible vérité, la jeune fille avait dû être hospitalisée en soins psychiatriques après avoir tenté de mettre fin à ses jours. «C’est encore très difficile de vivre avec ça», a-t-elle confié hier au juge Benoît Chassot, six ans après les faits. «J’ai peur de le voir sortir de prison. Pas pour moi, mais pour d’autres personnes…»

Le prévenu, qui est également accusé d’avoir fait subir des actes sexuels à une troisième victime durant son sommeil, a aujourd’hui une nouvelle copine, au courant des faits qui lui sont reprochés. «Elle veut attendre ma sortie de prison. Nous pensons vivre ensemble», a expliqué le jeune homme, chez qui un expert-psychiatre a décelé des traits psychopathiques. «Dans trois ans au maximum, je serai guéri. J’ai compris que la seule chose importante, c’est la famille.»

Le procès se poursuit ce jeudi matin.

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