«Il ne faut jamais sous-estimer le feu»
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Parle-moi de ton art!
Yvon Fragnière, Bullois de 23 ans installé à Berlin, est rompu à l’art de cracher du feu.
«La première fois que j’ai vu un cracheur de feu? C’était peut-être à la télévision, ou lors d’un festival, comme celui des artistes de rue, à Vevey. Mais aussi loin que je m’en souvienne, ça m’a toujours intéressé.
J’ai commencé le cirque à l’âge de 8 ans, d’abord dans la troupe Fun’en’Bulle, puis à Cirque-en-Ciel, à Prez-vers-Noréaz. C’est là que, à 15 ans révolus, je crachai du feu pour la première fois. Mon professeur m’a d’abord intimé de m’entraîner à prendre de l’eau dans la bouche, puis de la cracher de sorte à ce qu’elle soit vaporisée en d’innombrables gouttelettes. J’ai réitéré l’exercice avec du pétrole, d’abord sans flamme, puis enfin en plaçant une torche devant moi.
La première fois, ça a été une grosse émotion. C’est extrêmement impressionnant. Je n’ai jamais perdu cette satisfaction primale de maîtriser un élément naturel. Si j’ai peur? Non, je crois que je suis entre-temps parvenu à apprivoiser le feu, même s’il reste toujours maître de lui-même. C’est une relation qui demande un certain respect, il ne faut jamais le sous-estimer.
Depuis l’âge de 16 ans, c’est un moyen de me faire des sous. J’ai commencé à me produire lors de soirées privées, en crachant du feu et en jonglant avec des éléments enflammés. On m’a aussi invité à des manifestations, comme le festival de la Tour à Montagny. Dès qu’on me propose un spectacle je saute sur l’occasion, mais depuis que je suis arrivé à Berlin pour y étudier les arts du cirque, il y a six mois, j’ai moins de temps à y consacrer. A terme, je compte me généraliser en tant qu’artiste du cirque, tout en faisant du feu ma spécialité.
Mes parents me soutiennent. Ils ne sont pas inquiets parce que je n’ai jamais été blessé. Il est arrivé que ma barbe s’embrase légèrement lors de retours de flamme rapides, par exemple en crachant contre le vent, mais ce n’était rien de grave et on apprend chaque fois de ses erreurs. Louis Rossier