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«Je suis constamment sur mon téléphone»

Page Jeunes - Dis-moi tout! • Trois étudiants évoquent leur rapport, très différent, au téléphone portable, entre utilisation frénétique et détachement total.

Nathann, Simone et Rémy.
Nathann, Simone et Rémy.
Nathann Morand, 17 ans, de Bulle.
Nathann Morand, 17 ans, de Bulle.
Simone, 19 ans, de Courgevaux.
Simone, 19 ans, de Courgevaux.
Rémy, 20 ans, de Corpataux.
Rémy, 20 ans, de Corpataux.

Lise Schaller

Publié le 28.06.2016

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Nathann Morand

17 ans, Bulle, étudiant à l’EMF

«Je suis constamment sur mon téléphone. Je peux y lire le journal et jouer à des jeux. Mon smartphone me sert aussi d’appareil photo, de mp3, de réveil et de calculatrice. Je l’utilise en général comme une télécommande pour mon PC. Je m’intéresse également au fonctionnement des appareils que j’utilise. Avec WhatsApp, j’ai l’avantage de pouvoir communiquer rapidement à moindre coût. Il serait difficile pour moi de revenir en arrière.

J’ai dû vivre un mois sans mon téléphone. Je faisais tout sur mon PC et ne pouvais plus ni m’informer rapidement, ni savoir où j’étais, ni l’heure, ni communiquer. Comme la possession d’un smartphone est presque devenue une norme, je ressens peu de décalage avec mon entourage. Cependant, dire que cela virtualise les contacts humains me paraît sensé. Si la relation que j’ai avec les personnes qui me sont proches n’a pas changé, le phénomène peut se produire avec celles que je côtoie déjà peu si elles ont aussi un smartphone. Mais il ne faut pas exagérer le problème. Il y a pire comme dépendance!»

Simone Merz

19 ans, Courgevaux, étudiante au Collège Saint-Michel

«Je n’ai jamais eu envie d’avoir un téléphone portable. Cela pourrait être pratique dans certaines situations, quand je loupe mon train par exemple. Dans ces moments-là, je me suis déjà dit que je devrais peut-être en acheter un. Mais, quand j’y réfléchis, je pense que nous n’avons pas réellement besoin de natel. Si c’était le cas, nous viendrions au monde avec. De plus, sans moyen de communication, on se retrouve face à soi-même. Un soir, parce que j’avais manqué mon train, j’ai dû rentrer à pied à la maison. J’ai pu admirer un magnifique ciel étoilé! J’ai été heureuse de ne pas avoir eu de natel.

Ne pas être constamment atteignable me rend également libre, et cela me plaît. J’ai plus de temps pour discuter. A l’école, on m’a parfois reproché de ne pas avoir eu connaissance d’une information importante transmise par WhatsApp. Même si l’on possède un natel, je trouve très important d’avoir fait l’expérience de vivre sans. De cette façon, je pense que les personnes l’utilisent mieux car elles ont appris à vivre le moment présent.»

Rémy Philipona

20 ans, Corpataux, étudiant au Collège Saint-Michel

«J’utilise mon natel uniquement pour être atteignable, téléphoner et écrire des SMS. Je garde l’essentiel. Un smartphone qui me permettrait de communiquer encore plus rapidement m’est inutile. J’ai déjà un ordinateur à la maison; je ne ressens pas le besoin d’en avoir également un dans ma poche. Parallèlement à notre vie quotidienne, une méta-vie s’est créée au travers des conversations entretenues sur les smartphones.

Comme certaines informations quasiment officielles concernant la classe ne passent plus que par WhatsApp, il m’est arrivé de manquer des informations. Si je suis défavorisé de ce côté-là, cette perte d’informations est pour moi un gain de liberté. Il en va de même pour les e-mails auxquels je ne peux répondre que sur mon ordinateur. Je privilégie le contact en temps réel et m’organise ainsi différemment. Je connais par exemple mes horaires de bus par cœur. Etonnamment, ce sont parfois les personnes les plus connectées qui sont les moins joignables. Ils ont trop de moyens de communiquer et n’en utilisent aucun de manière efficace.»

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