La Liberté

L’innocence assassinée

« Copenhague » plonge le lecteur au Danemark, choqué par l’assassinat d’une sirène et suit l’enquête d’un improbable duo à la recherche des coupables.

Pandolfo et Risbjerg dressent le portrait glaçant d'une société qui ressemble étrangement à la nôtre. © Dargaud
Pandolfo et Risbjerg dressent le portrait glaçant d'une société qui ressemble étrangement à la nôtre. © Dargaud
Publié le 04.03.2024

Temps de lecture estimé : 2 minutes

« Copenhague », signé chez Dargaud par l’écrivaine française Anne-Caroline Pandolfo et l’auteur de bande-dessinée danois Terkel Risbjerg débute dans un taxi. Alors qu’elle est au téléphone avec sa fille Joyce, le lecteur fait la connaissance de Nana Miller, libraire parisienne et principal personnage de l’ouvrage. Elle admet avoir « fui » sa fille le temps d’une semaine afin de pouvoir décompresser de son quotidien harassant.

Seulement, le cadre rêvé d’une semaine tranquille qu’est le Danemark, avec son calme inhabituel pour une capitale, ne résiste pas longtemps. Sans que Nana comprenne bien ce qu’il se passe, les voitures se mettent à accélérer, les passants à téléphoner affolés avant de s’effondrer en larmes. Nana Miller apprend, seule dans son hôtel, qu’une sirène a été tuée. Le Danemark se calfeutre, les habitants, choqués, se terrent chez eux. Avec l’aide de Thyge Thygesen, animateur radio pour enfants, elle décide d’enquêter sur l’affaire en parallèle de la police. Si Nana entame cette démarche pour rendre sa légèreté au Danemark et rentrer à Paris au plus vite, une complicité nait rapidement avec Thyge.

 

En écho aux tourments du monde

Au fil des pages, le lecteur rencontre pêle-mêle un club de propriétaires de chiens, motivés à aider Nana et Thyge dans leur quête, un sinistre gourou haïssant les enfants et la reine du Danemark. Aucune logique ne semble à l’œuvre mais les deux auteurs arrivent à créer une atmosphère de lecture particulière, transformant ces personnages parfois loufoques en miroir grossissant de la société.

L’assassinat de la sirène est le début d’une longue série d’attaques perpétrées envers la candeur et la franchise dont les enfants présents dans l’ouvrage ont le secret. Nana et Thyge découvrent que le véritable projet des assassins consiste à faire exploser une école de plusieurs centaines d’élèves.

Le choc provoqué à la lecture par cette terrible nouvelle pousse à la réflexion. À l’heure où le monde semble épris de convulsions morbides et que des mouvements radicaux à la rhétorique belliqueuse essaiment aux quatre coins du monde, l’énergie et l’innocence des enfants prises pour cible dans cette bande-dessinée fait froid dans le dos. Face à la menace, le courage qu’ont Nana et Thyge pour s’y opposer et la combattre apaise. Un message inspirant et tout en délicatesse pour tout lecteur ayant la tentation de baisser les bras face à l’émergence actuelle de pouvoirs autoritaires.

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