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Les pharmaciens se bougent

Page Jeunes - Société Le pharmacien vendeur de boîtes, c’est du passé. Les étudiants en pharmacie veulent revaloriser leur métier en l’orientant vers une approche plus humaine et collaborative.

Duy et Benjamin (de g. à d.) lors du dernier congrès de l’Association suisse des étudiants en pharmacie, à Zurich. © DR
Duy et Benjamin (de g. à d.) lors du dernier congrès de l’Association suisse des étudiants en pharmacie, à Zurich. © DR

Juliane Butty

Publié le 06.02.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

La pharmacie est en crise. La chute des prix des médicaments, l’arrivée des grandes surfaces et une libéralisation du marché ont mené de nombreuses officines à fermer. Duy Nguyen, président de l’Association suisse des étudiants en pharmacie, et Benjamin Bugnon, également membre du groupement, s’inquiètent de ces prévisions alarmantes. «Plutôt que de subir, nous avons décidé d’agir!» s’exclament les deux jeunes de 23 ans. Le dernier congrès annuel de l’association, dont Benjamin était l’un des organisateurs, allait dans ce sens, puisqu’il avait pour thème l’identité professionnelle. «Notre but était de sensibiliser aux enjeux de l’emploi et à notre rôle en tant que futurs praticiens», commente Duy. «Car c’est l’étudiant, par ses choix individuels, qui déterminera l’orientation de la branche», développe son camarade.

Un service utile

Au début du XXe siècle, le pharmacien était avant tout un fabricant. «Après la Seconde Guerre mondiale, l’industrialisation de la branche a changé une première fois sa fonction», explique le Dr Michel Buchmann, ancien président de la Fédération internationale pharmaceutique. L’apothicaire est devenu un logisticien et aujourd’hui, pour le Dr Buchmann, cela ne suffit plus. «Vendre des boîtes après cinq ans d’études, ce n’est pas un travail!», argumente-t-il. «L’objectif est d’apporter un service utile dans les soins de santé primaire, en collaboration avec tous les professionnels du domaine», complète Benjamin.

Importance des jeunes

Pour les étudiants et le professionnel, le pharmacien est une porte d’entrée vers les soins. «Lorsque se posent des problèmes de santé, les généralistes ne sont pas les seuls à être sollicités. Une grande partie des gens se rendent en pharmacie pour demander conseil», explique Duy. Le spécialiste des médicaments aide les patients dans l’analyse de leurs symptômes. Il détermine un traitement ou, si nécessaire, les recommande à un médecin. «Il ne s’agit pas de jouer au médecin mais de coopérer afin d’optimiser la prise en charge des patients», défend le Dr Buchmann.

Les pharmaciens ont également une position déterminante dans le suivi et l’accompagnement des patients pour la prise de leur médication. «Il faut considérer la personne dans son ensemble et pas seulement dans sa maladie. Discuter conjointement avec le patient et le médecin permet de trouver la solution optimale», déclare Benjamin.

Selon le Dr Buchmann, plusieurs réformes sont nécessaires: réorienter la formation et intégrer la coopération, notamment. Mais également aménager la pharmacie non plus comme un magasin mais comme un centre de conseils, d’observations et de suivi. «Le pharmacien doit aussi réformer son attitude et susciter l’envie de venir le voir en étant plus disponible et communicatif», indique-t-il.

«Il y a malheureusement beaucoup de résistance à se diriger vers cette conception du métier», concède Benjamin. Pour atteindre cet objectif, le développement d’un réseau est important et dans ce cadre, les étudiants ont une place charnière. «Les conflits d’intérêts entre domaines nous touchent moins. L’idée est de créer des liens pendant les études et qui durent par la suite», s’enthousiasment les deux camarades. «Nous voulons trouver des solutions pour remédier aux défis actuels tels que la pénurie de généralistes, les heures d’attente, ou encore l’augmentation des coûts de la santé», concluent-ils. I

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