Traçabilité, conditions de travail et de production, un produit éthique et de qualité… Et si on appliquait à notre consommation pornographique les mêmes critères qui régissent bon nombre de nos achats quotidiens ? Le porno éthique, ça existe mais il faut le chercher, un peu.

Se faire plaisir tout en faisant un bon geste
Première trouvaille, la plateforme charitis.org créée l’année dernière par deux jeunes étudiants français. Le site fonctionne comme un moteur de recherche du porno et chaque euro généré par les clics est utilisé pour planter un arbre au Brésil (lisez cet article pour plus d’info). Si le slogan du site est sympathique – A fap for a seed (une branlette = un arbre) – force est de constater qu’il se contente finalement de référencer le contenu des plus grands sites pornos (les tubes, dans le jargon) comme Pornhub, Redtube et Youporn. Des mastodontes du X qu’on comparerait plutôt à un fast-food qu’au petit bistrot du coin.

Payer son porno
Dans son dernier documentaire, Pornocratie, Ovidie, ex-hardeuse devenue réalisatrice, est partie sur les traces de ces plateformes de streaming gratuit. Elle met en avant que depuis quelques années, une seule entreprise détient le monopole sur les tubes les plus connus et les plus populaires ; une entreprise dont le but premier est de générer du profit sans se soucier des conditions de production des vidéos. Elle résume :

« Entre montages financiers obscurs et exploitation sexuelle, l’histoire de cette structure est, à l’instar des plus grandes multinationales, celle d’un capitalisme exacerbé aux conséquences humaines désastreuses. » 

Dès lors, comment procéder pour se faire plaisir tout en ayant bonne conscience ? Le premier geste consistera à sortir son portemonnaie. Pourquoi paierait-on pour tout sauf pour cela ? Il faudra scroller vers le bas pour trouver le bon contenu, les sites gratuits étant toujours proposés en premier.

Pour déterminer si on a affaire à du porno éthique, quelques questions s’imposent en préliminaire. Viviane Morey, co-fondatrice de la Fête du Slip, festival pluridisciplinaire lausannois axé autour de la problématique sexuelle, suggère de s’intéresser aux conditions de tournage et aux personnes qui se cachent derrière la fabrication et la distribution des films. « Il y a des chances que si ces personnes assument ce qu’elles font, c’est qu’elles ne le font pas trop mal. » Elle recommande également de s’intéresser aux performeurs : ont-ils été correctement payés ? Ont-ils leur mot à dire sur ce qu’ils font pendant la scène et sur la manière dont ils sont représentés à l’écran ? Certes, cela demande quelques recherches préalables sur internet avant de déboutonner son pantalon mais une production respectant ses protagonistes rendra la jouissance encore plus agréable et exempte de mauvaise conscience.

Mais alors, vers quels sites faut-il se tourner ? Vous pensiez que la Page Jeunes allait vous fournir une liste ? Détrompez-vous, petits coquins et coquines ! Si vous avez réussi à visionner du porno jusqu’à maintenant, vous ne devriez pas avoir trop de difficultés à trouver des vidéos éthiques pour satisfaire vos envies.