Avec un titre pareil, on s’imagine déjà une de ces ennuyantes revues pleines de conseils de drague ringards. Mais ne vous y méprenez pas, ce roman imagé des éditions Urban Comic écrit par Neil Gaiman est bien plus riche. D’une grande poésie, il cache une tendre naïveté qui nous replonge dans nos premières expériences amoureuses. Il nous raconte l’histoire de deux adolescents dans leur seizième année préoccupés par une seule chose : les filles. La relation entre Enn, le protagoniste principale et son meilleur ami Vic, est assez classique. Ce dernier incarne toutes les caractéristiques du beau gosse sûr de lui qui, d’un sourire, peut faire chavirer le cœur de n’importe quelle demoiselle. Enn le jalouse, car il se sent limité par sa timidité et ne sait comment interagir avec la gente féminine.

Les deux jeunes traversent une ville de Londres des années soixante, afin de se rendre à une fête estudiantine. Celle-ci est endiablée, réunissant des filles toutes plus belles les unes que les autres qui dansent sur les rythmes punk des Clash, Sex Pistols, Adverts et Stranglers. Rapidement, et pour des raisons évidentes, Enn perd son ami de vue. On le suit dans ses divers péripéties en s’imprégnant d’un sentiment mélangeant la beauté à l’étrange. Il fait diverses rencontres charmantes dans une ambiance envoûtante, à la limite entre le réel et l’imaginaire. En effet, les filles à qui ils parlent se confient à lui de manière poétique et imagée, telles des muses venues d’une autre planète. Après cette soirée, Enn gardera en tête une mélodie qu’il ne pourra jamais reproduire pleinement.

Cette ambiance chaleureuse et mouvementée est aussi transmise au lecteur grâce à des dessins aquarellés riches en couleurs chaudes, parfois contrastés par des ombres crayonnées et certaines teintes bleues-vertes. Les dessins très stylisés se démarquent par un mélange détonant entre angulaire et arrondi, mettant en valeur certains aspects du décor ou des personnages. Ils sont réalisés par Fàbio Moon et Gabriel Gà, deux frères jumeaux et illustrateurs brésiliens. Le récit et les dialogues sont très allégoriques, principalement lors des dialogues entre Enn et ses rencontres. Cerise sur le gateau pour les mélomanes, de nombreuses références musicales accompagnent toute la trame de fond.

Cette bande dessinée possédant une forte poésie et touchant à de nombreux domaines artistiques parviendra sans peine à ensorceler le lecteur. On y voit une véritable quête artistique s’articulant autour du tendre récit des amours naissants. Le résultat de ces différents mélanges s'incarne en une expérience immersive et délicieuse.