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Natifs naïfs du numérique

Page Jeunes » Se pourrait-il que les jeunes, bien que bercés aux nouvelles technologies, soient des «analphabètes du numérique»?

Natifs naïfs du numérique
Natifs naïfs du numérique

Pierre Gumy

Publié le 06.12.2016

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Informatique »   Le «tout numérique» a envahi nos vies à un tel point qu’on en vient à se demander si l’art de la programmation informatique ne deviendra pas prochainement un prérequis indispensable au quotidien. Certains accusent même l’école de former des «analphabètes du numérique», fabriquant ainsi une masse de futurs citoyens incapables de comprendre les rouages d’une société écrite en HTML et C++.

Pour Nicolas Martignoni, responsable de Fri-tic, centre de compétences pour les médias et les technologies de l’information et de la communication (MITIC) dans le domaine de l’enseignement du canton de Fribourg, le numérique relève tout autant d’une science technique que d’une culture, ou autrement dit, d’une grammaire et d’une littérature. Et, aujourd’hui, l’école privilégie le culturel sans toucher au technique, car «l’école n’est pas destinée à former des informaticiens, mais bien des citoyens! Et connaître la grammaire informatique n’est pas indispensable pour saisir les concepts et les enjeux du numérique.»

Il faut aussi dire que les jeunes s’approprient facilement l’utilisation «mot à mot» des nouvelles technologies, mais restent bien souvent démunis et peu critiques face à la prose parfois obscure de l’univers virtuel. «Beaucoup considèrent Google comme un moteur de recherche ou Facebook comme un réseau social, alors que ce sont avant tout des entreprises publicitaires», illustre encore le responsable de Fri-tic.

Savoir coder ne suffit pas

Parler couramment l’HTML et le C++ devrait bien aider à poser un regard critique sur le big data ou encore la protection des données. Et pourtant: «Se contenter d’apprendre à programmer ne suffit pas pour saisir tous les rouages, les possibilités et les dangers du numérique», estime Hadrien Sprumont, 18 ans et étudiant au collège Saint-Michel avec l’option complémentaire «informatique» où il s’initie au code et à la programmation. «Les outils numériques tendent à se simplifier toujours plus et permettent de se les approprier en autodidacte. Par contre, l’étape de la réflexion personnelle fait effectivement parfois défaut: notre génération a pris le réflexe de se tourner immédiatement vers le web pour avoir une opinion.»

Pour Nicolas Martignoni, on peut donc très bien être à la fois «natif» et complètement «naïf» du numérique: «C’est pour cela que depuis 2010, les professeurs intègrent de manière transversale les MITIC aux branches classiques.» Le responsable de Fri-tic estime cependant qu’il est temps que les bases de la programmation soient prévues dans la grille horaire de la scolarité obligatoire. En plus d’apprendre à lire, quelques notions de grammaire seraient ainsi enseignées pour alphabétiser au mieux les jeunes au numérique.

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