La Liberté

Nouvelles impertinences matinales

Radio. Dès le 25 août, la voix du Lausannois Jonas Schneiter succédera à celle de Vincent Veillon pour animer la matinale de Couleur3. Portrait d’un jeune lève-tôt rencontré à l’aube.

A 23 ans, Jonas Schneiter connaît un succès croissant: il s’apprête à reprendre la matinale de Couleur3 avec une impertinence qu’il sait parer d’élégance. © RTS/Anne KEARNEY
A 23 ans, Jonas Schneiter connaît un succès croissant: il s’apprête à reprendre la matinale de Couleur3 avec une impertinence qu’il sait parer d’élégance. © RTS/Anne KEARNEY

Thierry Raboud

Publié le 17.08.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

«Est-ce que 7 h 30 peut vous convenir?» Aux aurores, donc. Bon, ça fait tôt, mais l’on sacrifiera volontiers un brin de sommeil pour rencontrer Jonas Schneiter dans son élément: ces heures indues où il donne habituellement de la voix pour saisir la Suisse romande au saut du lit. Rendez-vous est donc pris au point du jour à la cafétéria du temple lausannois de la RTS. «On peut y boire un bon jus d’orange pressé», vante-t-il au téléphone. L’appât est efficace mais une fois sur place, pas de chance, la cafétéria est encore fermée. C’est donc muni d’un infâme mais nécessaire café en gobelet que l’on rencontre la nouvelle voix des prochaines matinales de Couleur3 et le jeune homme qui se cache derrière.

Elégance uniformément répartie sur presque deux mètres, regard franc, fraîcheur joviale, il porte beau et semble, quant à lui, ne pas avoir à confesser de récente infidélité aux étreintes de Morphée. «C’est qu’après avoir retrouvé un horaire normal pendant l’été, je me remets progressivement à un rythme matinal en me couchant plus tôt», explique-t-il. Sonnerie du réveil à 4 h 15, debout à 4 h 17 «quand tout va bien», puis direct sur les ondes de 6 h à 9 h, la plage radiophonique la plus écoutée. Un horaire qu’il connaît bien pour l’avoir assuré pendant trois ans sur la radio privée lausannoise LFM. Il retrouvera les petits matins dès le 25 août sur Couleur3, la RTS ayant jeté son dévolu sur ce Lausannois pour succéder au duo des deux Vincent Veillon et Kucholl, propulsés vers d’autres horizons par le succès stratosphérique de leur capsule de 120 secondes.

Succéder au succès. La perspective ne semble pas trop intimider Jonas Schneiter, assez pro pour paraître sûr de son fait, assez perfectionniste pour s’en donner les moyens. «Cela fait des mois qu’on en discute avec les responsables de la chaîne, qu’on prépare cette matinale. Je ne suis pas paniqué, je sais ce que je veux faire, même si je sais aussi que l’attente est énorme», confie-t-il en évoquant les points forts de cette nouvelle formule «très casse-gueule mais très excitante». Excitant comme la «Douche froide» qu’il promet de faire subir à ses invités de 7 h 50, interviewés avec un mélange de méchanceté caustique et de mauvaise foi assumée. Casse-gueule comme le «Répondez!» lancé au passant aléatoire qui se verra confier un téléphone portable et trois minutes d’antenne, avant que celui-ci ne transmette l’objet à une personne de son choix…

Du neuf, donc, pour cette matinale: un nouveau nom en guise d’ironique salutation new age («Namasté: on l’a trouvé hier soir!»), de nouvelles voix, dont celle fribourgeoise d’Agathe Birden, et une impertinence gratuite qui ne dépareront certainement pas l’ADN farouchement jeuniste de la chaîne.

Souffleté par Couchepin

Une impertinence que Jonas Schneiter, derrière l’élégance de sa mise et le beau cuivre matutinal de sa voix, prend plaisir à laisser affleurer. Cette même impertinence dont il n’a eu de cesse, en 23 ans d’existence et presque autant de carrière journalistique, de consteller le paysage médiatique romand. Oui, 23 ans seulement, mais le métier l’a accaparé très tôt. «Nous avons toujours beaucoup écouté la radio en famille. Très jeune, je m’amusais déjà à faire de la radio sur des cassettes, dans ma chambre.» A l’adolescence, alors que ses copains trichent sur leur âge pour entrer en boîte de nuit, lui triche sur son âge pour participer, à 16 ans, à Génération 07, plateforme pour jeunes reporters politiques lancée par le diffuseur public. Il s’y fait remarquer en osant cette question à Pascal Couchepin: «Etes-vous le moins populaire des conseillers fédéraux parce que vous en êtes aussi le plus vieux?» Et le Valaisan, piqué au vif, de le renvoyer vertement à ses bancs d’école. Le vent du soufflet vaudra une petite visibilité à Jonas Schneiter, et le portera vers d’autres expériences médiatiques. Satiriste chez Vigousse, piégeur de personnalités et producteur de L’Effet Caribou, journaliste pour différents titres romands, il donne tout, fonce en tous sens, s’inscrit trois fois en sciences politiques à l’université mais repousse invariablement l’échéance, préférant saisir ces opportunités qu’il sait susciter.

Audace d’entreprendre

Avec ses nouvelles responsabilités radiophoniques, il a dû cesser de songer à s’inscrire encore. Tant pis pour les études, l’expérience sera un bagage tout aussi valable car rempli d’une ambitieuse énergie. «En travaillant, je fais tout ce que j’aime! Lorsque j’ai du temps libre, j’ai envie de le passer en travaillant aussi.» Cette année, un séjour de… 48 heures à Lisbonne aura fait office de pause estivale pour ce bosseur dont l’activisme forcené est encore loin d’avoir assouvi la curiosité.

Pourtant, une telle audace d’entreprendre aura empêché sa jeunesse de s’épancher en joyeux détours. «Oui, il y a des choses qu’il faut que je vive encore. Je n’ai pas connu le total lâcher prise de la jeunesse par exemple, mais je me le réserve pour plus tard!», ose-t-il en finissant son café. C’est vrai qu’il en a encore le temps, le monde autour de lui se réveille à peine. I

> Matinale de Couleur3, 6 h-9 h

> www.couleur3.ch

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