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Passer des planches à l’écran

Pages Jeunes - Culture • Théâtre, opéra ou ballet, des cinémas proposent des programmes qui vont au-delà de simples films. Mais est-ce aussi convaincant sur écran que sur les planches?

Passer des planches à l’écran © Isabelle Clément
Passer des planches à l’écran © Isabelle Clément

Aurélie Bavaud

Publié le 19.09.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Imaginez, assister dans un cinéma à la représentation d’une pièce de théâtre ou à un opéra, originellement joué dans un autre pays, voire sur un autre continent. Un spectacle que vous n’auriez jamais eu l’occasion de voir, à cause du prix des billets ou parce qu’ils ont été vendus en moins d’une journée, comme ce fut le cas l’hiver dernier pour le «Coriolanus» de Shakespeare au Donmar Warehouse, avec Tom Hiddleston. C’est maintenant possible grâce à des initiatives comme NT Live ou Ciné Opéra.

Le principe de ces programmes est simple: ils diffusent dans des cinémas des prestations en qualité haute définition et en direct, si les fuseaux horaires le permettent, auxquelles s’ajoutent des rediffusions. Ont rejoint ce concept des théâtres comme le Metropolitan Opera de New York, le Bolchoï de Moscou ou le National Theatre de Londres.

Si le système s’implante depuis peu en Suisse, le Metropolitan Opera propage ses spectacles à travers le monde depuis sept saisons consécutives, tandis que NT Live en est à sa sixième. Depuis sa première diffusion - «Phèdre» de Racine, avec Helen Mirren - dans une septantaine de cinémas britanniques, NT Live diffuse maintenant dans près de mille cinémas dans trente-cinq pays. En ce qui concerne le «Met», dont on peut voir les spectacles au cinéma Pathé de Lausanne, c’est près du double.

Presque comme en vrai

Pour Corinne Portmann, 30 ans et sur le point de terminer son master en littérature anglaise, «c’est une grande chance de voir des pièces jouées en version originale, par des acteurs de classe internationale. J’y vais aussi souvent que je peux, peu importe la pièce».

«Ce qui est intéressant, c’est que toutes les pièces que tu vois là, elles ne sortent pas forcément en DVD, tu as l’occasion de les voir même si tu ne peux pas aller jusqu’à Londres», nous confie Céline Sidler, 25 ans, étudiante en anglais.

«C’est quand même mieux en vrai», reconnaît Aurélie Blanc, 23 ans. «Des fois, tu as des plans serrés, sur les personnages, tu ne peux pas regarder les acteurs que tu veux regarder. Et tu n’as pas l’excitation d’être là.» Céline renchérit: «Ça ne transporte pas l’énergie des acteurs.»

Mais les séances étant la plupart du temps uniques, et en direct, cela conserve tout de même l’aspect éphémère d’une véritable représentation théâtrale. Pour Corinne, «ça n’est pas comme du vrai théâtre, mais ça n’est pas comme regarder un film non plus. Le théâtre est fugace, tu ne peux pas l’acheter en DVD.» Notons que, dans le cas du National Theatre, les pièces diffusées sont choisies à l’avance, afin que la mise en scène tienne compte des caméras. Le site promet «les meilleures places du théâtre», à un point tel que le critique du «Guardian» jugea «Phèdre» meilleure au cinéma que sur place!

La formule rencontre un grand succès. Un inconvénient est peut-être le prix, plus cher qu’une place de cinéma classique (entre 25 et 35 francs). Le verre de champagne offert à l’occasion illustre bien quel est le public cible.

Ça ne vaut peut-être pas l’original mais, pour Aurélie, «ça encourage à aller plus au cinéma alors que tu ne serais pas forcément allé au théâtre, parce que tu ne connais pas trop les acteurs qui sont dedans.»

> Liens utiles: ntlive.com et metopera.org/liveinhd

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