Edmée Eggs

> 19 ans, étudiante à l’Ecole cantonale d’art du Valais.

«Il n’y a pas de forme d’art que j’apprécie moins que les autres. Même si je suis amenée à faire de l’art dans ma formation, je ne me considère pas comme artiste pour autant. C’est un bien grand mot quand on pense à tous les grands artistes accomplis. J’apprécie une œuvre quand elle provoque de l’émotion. Un artiste doit être plus sensible à ce qui l’entoure pour pouvoir ensuite créer quelque chose. Mais il n’est pas forcément torturé. Il a peut-être besoin d’avoir une approche du monde différente des autres, mais beaucoup d’artistes carburent à la joie.

»J’ai l’impression que le mot artiste est utilisé de manière péjorative, on les imagine comme des gens qui ont la vie facile et se contentent de profiter de leur talent. On ne prend pas toujours en considération la recherche qui se trouve derrière une œuvre. L’appréciation de l’art dépend souvent de la cote de l’artiste: on va donner plus de retour sur son travail ou même le préférer si la personne est populaire.»

 

Roger Steinmann

> 25 ans, étudiant de master en histoire contemporaine.

«J’aime beaucoup l’art en général, qu’il s’agisse d’art dit «populaire» ou de «grand art». La peinture et la littérature m’intéressent, mais mon art de prédilection reste la musique. Je trouve que c’est là que réside le plus grand potentiel expressif. Pour moi, un artiste cherche d’abord à s’exprimer autrement que par le discours rationnel. L’artiste devrait influencer la société par sa vision esthétique, en transformant l’image qu’elle a du beau et du laid, plutôt que par ses opinions morales et politiques. Si ces dernières nous dérangent chez un artiste, je pense que l’on devrait pouvoir en faire abstraction pour se concentrer uniquement sur son œuvre.

»Contrairement à ce que prétendent certains aujourd’hui, je ne pense pas qu’il suffise de souffler dans un saxophone ou faire deux traits de crayon sur une feuille pour accéder au statut d’artiste. Pour moi il existe une différence substantielle entre une toile de David et le gribouillage d’un enfant de maternelle.»

Grégoire Bays

> 24 ans, comptable.

«Que ce soit la musique ou le cinéma, on est forcément confronté à l’art et amené d’une manière ou d’une autre à aimer des œuvres sans pour autant faire partie d’une élite culturelle. Un artiste pour moi est plutôt quelqu’un qui a une vision singulière de la société et qui le fait ressentir dans ses œuvres. On a souvent tendance à imaginer l’artiste un peu à part, décadent ou alors bon vivant. Ce n’est pas forcément fondé, parce que tous les artistes ne sont pas comme ça, mais quand ils le sont, on en parle beaucoup. Les histoires de marginaux dépravés, ça attire.

»Je ne considère cependant pas n’importe qui comme un artiste. Certains ont juste de la chance et leur business fonctionne bien, mais pratiquer une branche artistique ne suffit pas à être artiste, il faut une vraie recherche dans les œuvres. Il est assez difficile aujourd’hui de définir ce qu’est un artiste, ce terme est utilisé pour désigner un peu n’importe qui, sans nécessairement considérer ce qu’il fait comme de l’art.»