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Pas question de créer des «zones avec OGM» en Suisse

Agriculture >> Le National  s'oppose vivement à des «zones avec OGM». Mardi, il a rejeté par 142 voix contre 47 la proposition du gouvernement. Seuls PLR et quelques PDC ont soutenu cette ouverture dans le cadre de la révision de la loi sur le génie génétique.

ATS

Publié le 06.12.2016

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«Le Conseil fédéral veut s'ouvrir davantage à la culture d'organismes génétiquement modifiés (OGM) en Suisse, mais ce souhait ne répond à aucun besoin et à aucune demande», a critiqué Mathias Reynard (PS/VS). «C'est plutôt l'inverse: les pays voisins s'en éloignent, les labels sans OGM se multiplient et l'immense majorité des consommateurs et agriculteurs sont contre.»

Argumentation similaire à l'autre bout de l'échiquier politique. «Malgré l'apport important de la recherche, l'UDC refuse cette coexistence entre OGM et plantes conventionnelles», a ajouté la Vaudoise Alice Glauser. «Nous ne suivons pas les recommandations de nos chercheurs, bien qu'ils aient conclu qu'il n'y a pas de dangers», a lancé en vain Fathi Derder (PLR/VD).

Ce dernier mentionnait le Programme national de recherche «Utilité et risques de la dissémination des plantes génétiquement modifiées» (PNR 59). «Cette étude a présenté des résultats très rassurants, mais il s'agissait d'arguments économiques, et non d'une réflexion sur les risques», lui a rétorqué Adèle Thorens (Verts/VD).

Un espace trop petit

Le gouvernement propose d'autoriser au plus tôt dès 2022 la culture d'OGM dans des parcelles concentrées dans des zones reconnues et soumises à un contrôle accru. Elles seraient définies à la demande d'agriculteurs voulant cultiver des variétés d'OGM sous une entité commune.

Plantes conventionnelles et génétiquement modifiées devraient être strictement séparées, depuis la culture jusqu'à la vente en passant par la chaîne de production. Ces filières étanches permettraient aussi au consommateur de choisir des produits avec ou sans OGM. «Et qui vous permet de penser que personne ne veut de cette liberté de choix?», a questionné la ministre de l'environnement Doris Leuthard.

La conseillère fédérale a assuré que des cantons ou régions pourraient toujours interdire la coexistence entre zones avec et sans OGM, mais plusieurs députés ont insisté sur le fait que l'espace agricole suisse est de toute façon trop petit. «Le risque de contamination serait très grand», a pointé notamment Isabelle Chevalley (PVL/VD), présidente depuis avril de l'association StopOGM.

Cultures scientifiques

Les députés n'ont pas non plus voulu autoriser la coexistence entre zones avec et sans OGM à condition d'édicter des règles strictes pour l'économie, comme le proposait Christian Wasserfallen (PLR/BE). Ces prescriptions voulaient permettre de mieux surveiller la séparation des flux de produits afin de prévenir des mélanges indésirables.

La Chambre du peuple a souligné toutefois que son refus ne doit pas être perçu comme un obstacle à la recherche. «La recherche en génie génétique jouit en Suisse d'une longue tradition, qui remonte aux années 1970, et ces activités n'ont cessé d'augmenter depuis 1999», a rappelé Christine Bulliard (PDC/FR) au nom de la commission.

Par 98 voix contre 91, les députés ont cependant refusé qu'une autorisation générale, et non plusieurs, suffise pour une série d'essais expérimentaux avec des OGM dans des zones particulièrement sécurisées. Sous la bannière de plusieurs partis, une minorité s'y est opposée, soutenant que chaque recherche est différente, et que ses risques le sont aussi, comme relevé par Martina Munz (PS/SH).

Les débats se poursuivent. La question de la prolongation du moratoire contre les OGM, en vigueur depuis 2005, doit encore être abordée.

 

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