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Quand les astres guident la Bourse

Finance • A côté de l’analyse traditionnelle, certains experts ont recours à la psychologie ou à l’astrologie pour prédire l’évolution du marché. A cette aune, 2015 s’annonce mouvementée.

L’horloge astronomique de l’Hôtel de Ville de Prague: de tels instruments influencent plus qu’on ne croit les décisions des acteurs de la Bourse. © Christian Müller/fotolia
L’horloge astronomique de l’Hôtel de Ville de Prague: de tels instruments influencent plus qu’on ne croit les décisions des acteurs de la Bourse. © Christian Müller/fotolia

Rachel Richterich, ATS

Publié le 06.01.2015

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Des marchés qui réagissent, sont déçus, ont le moral plombé par une mauvaise nouvelle. Autant de lieux communs, utilisés dans le jargon économique, qui rappellent qu’un investisseur décide aussi selon ses émotions et ses croyances. A côté de l’analyse traditionnelle, certains experts ont recours à la psychologie, ou même l’astrologie pour éclairer ces phénomènes.

«La configuration actuelle entre Uranus et Pluton est encore pire qu’à l’époque du krach de 1987», lance Jean-François Richard. Wall Street avait à l’époque perdu plus de 20% en une journée, après une forte hausse des taux d’intérêt à long terme. «Nous vivons une période dangereuse», avertit celui qui lit la conjoncture économique dans celle des astres.

«Outil complémentaire»

Surprenante reconversion pour cet ancien journaliste économique, habitué à l’analyse technique et fondamentale. «J’ai commencé pour m’amuser. Et puis j’ai eu de bons résultats», explique l’auteur de l’horoscope des marchés, publié en dernière page du sobre et solennel quotidien économique qu’est «L’Agefi».

Réfutant toute approche ésotérique, Jean-François Richard considère l’astrologie comme un «outil complémentaire» à l’étude des graphiques des cours de bourse, l’analyse de décisions de politique monétaire ou autres indicateurs macroéconomiques.

Le caractère cyclique des conjonctures astrales, ainsi que des phénomènes économiques, donnent des références historiques et permettent de tirer des parallélismes, selon Jean-François Richard. Pour ensuite esquisser des prévisions. Ou plutôt des «repères», précise celui qui a rédigé plusieurs ouvrages sur la question. Dans l’un d’eux, intitulé «La crise vue par l’astrologie… et jusqu’à quand durera-t-elle?» paru en 2009 sur l’évolution de la crise financière mondiale, il évoque une crise de la dette, «alors qu’elle n’avait pas encore éclaté au grand jour».

Influence du facteur humain

Faisant écho à la citation d’Isaac Newton, qui affirmait pouvoir «calculer les mouvements des corps célestes, mais pas la folie des gens», Jean Pfeifer met la psychologie humaine au premier plan pour expliquer en partie les évolutions des marchés. Pour cet économiste de formation, elles sont intimement liées au comportement de l’investisseur. Lequel voit ses décisions influencées par ses traits de caractère, ses croyances et son expérience de vie. Tout autant de facteurs irrationnels, d’origine émotionnelle ou cognitive, que ce spécialiste en finance comportementale décrypte. Pour tenter ensuite de les corriger. Parmi la dizaine de «biais comportementaux» identifiés par l’expert, l’un des plus connus est le mimétisme de groupe, à l’origine de la formation de bulles. Un titre a du succès, les acheteurs se bousculent. Et puis, pour une raison ou une autre s’amorce le mouvement inverse. Tous suivent et c’est le krach. Un phénomène récurrent.

Comme la loterie

Fort d’une vingtaine d’années de carrière dans une grande banque helvétique, Jean Pfeifer enseigne aujourd’hui aux banquiers à identifier et modérer les biais comportementaux de leurs clients. Mais aussi leurs propres travers. «Ils s’imaginent souvent qu’ils ne sont pas concernés», sourit Jean Pfeifer, qui intervient entre autres à l’Institut supérieur de formation bancaire à Genève. En pensant cela, ils illustrent un autre biais très fréquent, l’excès de confiance. L’investisseur est convaincu d’avoir raison, même si les chances de succès sont infimes. «C’est le même mécanisme que la loterie: les probabilités de gagner sont quasi nulles, mais on y croit quand même. Et on continue à jouer», explique Jean Pfeifer.

Syndrome du trader fou

Ce trait peut encore être renforcé lorsque l’investisseur sélectionne parmi le flux d’informations, celles qui lui donneront raison. C’est le phénomène de perception sélective, explique Jean Pfeifer. «Et s’il constate finalement qu’il a tort, il peut même aller jusqu’à déformer la réalité et l’adapter à sa décision», faisant preuve alors de dissonance cognitive. Et, plus célèbre encore, l’aversion aux pertes. Ou syndrome du trader fou. «En cas de perte, l’individu multiplie les risques pour la compenser, jusqu’à prendre des risques inconsidérés», explique le spécialiste.

Sachant désormais que les banquiers sont sujets aux croyances et aux superstitions, que les investisseurs font parfois preuve de mauvaise foi et que le «choc planétaire» entre Uranus et Pluton est pire qu’en 1987, l’année 2015 s’annonce pour le moins mouvementée. 

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