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Julien Meister, un acrobate aérien

Air14 • Le Vaudois est l’unique pilote chargé des démonstrations du F/A-18. Lors du show Air14 à Payerne, il se produira «à la maison» et en profitera pour réaliser chaque jour une série de figures à plus de 500 km/h.

Le capitaine Teddy entraîne son endurance et sa musculature trois à quatre fois par semaine. Le but: pouvoir gérer les accélérations du F/A-18 qui peuvent multiplier jusqu’à huit fois le poids de son corps. © Alain Wicht/La Liberté
Le capitaine Teddy entraîne son endurance et sa musculature trois à quatre fois par semaine. Le but: pouvoir gérer les accélérations du F/A-18 qui peuvent multiplier jusqu’à huit fois le poids de son corps. © Alain Wicht/La Liberté

delphine francey

Publié le 23.07.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Lors du meeting international Air04 à Payerne, le jeune pilote Julien Meister était posté au sol devant un Tiger F-5. Sa mission: présenter l’avion militaire aux centaines de milliers de visiteurs alors que ses collègues plus expérimentés assuraient le spectacle aérien. «Je me disais qu’un jour peut-être ce serait à mon tour», se souvient-il. Dix ans plus tard, quasiment jour pour jour, l’Yverdonnois de 34 ans s’apprête à réaliser ce rêve. Dans cinq semaines, il sera cette fois-ci dans les airs aux commandes d’un avion de combat à réaction. En tant que nouveau pilote de démonstration solo du F/A-18, il aura pour tâche d’effectuer une dizaine de vols de douze minutes dans le cadre d’Air14, le plus grand show aérien d’Europe qui se déroulera à Payerne. Au programme: une série de figures acrobatiques à plus de 500 km/h.

Bien que le capitaine Teddy - surnom qu’il porte depuis l’école de recrue à cause d’une pilosité proche de celle de l’ours Teddy - ait déjà participé cette année à quatre meetings européens, l’événement payernois revêt un caractère particulier: «Je me réjouis énormément car il s’agit de ma seule démonstration aérienne en Suisse pour 2014. Mais je vais surtout me produire à la maison, devant ma famille et mes amis», explique le Vaudois. «Pour l’instant, je ne suis pas stressé, mais je sais que la pression va augmenter au fur et à mesure que l’échéance approche.»

Un homme modeste

Julien Meister est un homme modeste. Même s’il fait partie du monde très prisé des 50 pilotes professionnels de jets des Forces aériennes suisses, il évite d’avoir la grosse tête. «Je n’oublie pas d’où je viens. J’ai dû travailler dur et me donner les moyens pour exercer ce métier», confie-t-il. Les avions le fascinent depuis tout petit. Mais il attrape réellement le virus à 17 ans lorsqu’il s’inscrit aux deux semaines de cours de pilotage à bord d’un avion de tourisme. «J’ai eu le déclic dans les airs: mon but était de devenir pilote au sein de l’armée. Ou sinon, en cas d’échec, pilote de ligne.» A l’époque, sa volée compte 1500 candidats. Il passe une multitude de tests psychologiques et autres examens avant d’obtenir à l’âge de 22 ans son brevet de pilote militaire. Cette année-là, quatre brevets seront délivrés.

Teddy multiplie les heures de vol à bord de plusieurs avions des Forces aériennes avant d’intégrer en 2006 l’une des deux escadrilles basées à Payerne. En automne 2013, une place prestigieuse est mise au concours: celle de pilote de démonstration solo du F/A-18. Julien Meister tente sa chance et décroche le poste pour trois ans. «C’est le Graal. Le pilote joue le rôle d’ambassadeur des Forces aériennes, au même titre que la Patrouille suisse et le PC-7 team. Sa mission est de participer à des meetings aériens en Suisse et à l’étranger dans le but de montrer les performances du Hornet (surnom du F/A-18) comme celle de voler à 100 m du sol à une vitesse de 1000 km/h», décrit le capitaine qui est le huitième pilote à assumer cette fonction exigeante depuis la création du poste en 1997.

Prouesses aériennes

Pendant Air14, le Vaudois assurera une représentation par jour. Le public aura ainsi l’occasion de découvrir ses prouesses aériennes. «La particularité du F/A-18 est de pouvoir réaliser des figures plus agressives, comme le looping carré. En contrepartie, le pilote est contraint à davantage de précision. Lorsque l’avion pique du nez à 700 mètres du sol à une vitesse de 600 km/h, il dispose d’une marge de manœuvre de 2 secondes pour redresser son engin. Sinon c’est l’accident», affirme le militaire.

Même s’il est conscient du risque encouru, Julien Meister avoue plutôt être stressé par «l’envie de bien faire». Passionné par son métier, ce père de famille regrette pourtant une chose: ne pas pouvoir être plus souvent à la maison. «Un pilote est absent en moyenne quatre mois par an. J’ai encore un meeting en Angleterre ce week-end puis j’ai deux semaines de vacances pour profiter de ma fiancée et de mon fils», se réjouit-il. En tant que pilote militaire professionnel, il peut exercer son métier au sein d’une escadrille jusqu’à 42 ans. «Ensuite, je me verrais bien dans le domaine de l’instruction. Ou même quitter l’armée en laissant complètement tomber l’aviation. A voir ce que l’avenir me réserve…» I

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BIO EXPRESS

Julien Meister

> Né le 16 février 1980, il a vécu son enfance à Morges.

> Fiancé à Carine, il est le papa de Thibaud (3 ans et demi), né d’une précédente union.

> A 17 ans, il suit l’instruction aéronautique préparatoire à Porrentruy puis à Sion. En parallèle, il étudie au gymnase pour obtenir son baccalauréat scientifique.

> En 2000, il commence son école de recrue chez les parachutistes. Deux ans plus tard, il obtient son brevet de pilote militaire.

> Il incorpore en 2002 l’escadrille 1 à Dübendorf (ZH) avant d’évoluer en 2006 au sein de l’escadrille 17 à Payerne.

> Il est titulaire d’une licence de pilote de ligne effectuée chez la compagnie Swiss.

> Il est entre autres moniteur de vol sur simulateur F/A-18 et mène un mois par année les entretiens avec les candidats au poste de pilote militaire.

> De langue maternelle française, il parle couramment le suisse-allemand et l’anglais. DeF

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