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Entre le PDC et son allié UDC, un fossé

La plateforme Smartvote révèle une Entente bourgeoise disparate et une Marie Garnier très au centre

Entre le PDC et son allié UDC, un fossé
Entre le PDC et son allié UDC, un fossé

Nicolas Maradan

Publié le 29.10.2016

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Analyse »   Le 6 novembre prochain, l’élection au Conseil d’Etat présentera une bipolarité inédite dans le canton de Fribourg: un bloc de gauche contre une coalition de droite réunissant le PDC, le PLR et l’UDC. Et pourtant, entre les deux camps, la tranchée n’est pas aussi nette que certains veulent bien le croire.

C’est ce que confirme l’analyse des données récoltées par la plateforme d’aide au vote Smartvote grâce à un questionnaire en ligne. Une cinquantaine d’interrogations rebondissant sur l’actualité fédérale et cantonale et auxquelles les candidats au Conseil d’Etat, mais aussi au Grand Conseil, peuvent, sur une base volontaire, répondre par oui ou par non. Un système binaire qui empêche la nuance et doit donc être considéré avec prudence. Les résultats, néanmoins, livrent de précieux enseignements.

Curty proche de Steiert

Ainsi apparaît clairement une fracture idéologique entre les trois partenaires de l’Entente bourgeoise. Si libéraux-radicaux et démocrates-chrétiens tirent généralement à la même corde, le fossé entre ces derniers et les démocrates du centre est en revanche béant. L’UDC et le PDC sont en effet en désaccord sur un tiers des questions posées. La connivence entre démocrates-chrétiens et agrariens est donc à peine meilleure que celle que le PDC entretient avec son adversaire socialiste, avec qui il s’entend sur presque 60% des thèmes.

La cassure est encore plus nette si l’on compare les candidats. Sur la moitié des réponses rendues, le démocrate-chrétien Olivier Curty est par exemple d’un avis contraire à celui de son colistier, l’UDC Stéphane Peiry. L’actuel vice-chancelier de l’Etat de Fribourg est même politiquement plus proche de son concurrent socialiste Jean-François Steiert, dont il partage l’opinion à 70%.

Conflit sur l’immigration

Le principal point de friction entre Olivier Curty et Stéphane Peiry est certainement l’immigration. A deux exceptions près (les deux candidats s’opposent à l’introduction du droit de vote pour les étrangers au niveau cantonal et plébiscitent un durcissement des contrôles quant aux conditions d’engagement des travailleurs étrangers), les deux alliés sont en désaccord sur toutes les questions liées à ce thème, comme la création du Centre Islam et société à l’Université de Fribourg ou le renforcement des exigences dans les processus de naturalisation.

La mésentente entre Olivier Curty et Stéphane Peiry apparaît également sur la question des assurances sociales: le premier s’oppose à un durcissement de l’aide sociale, le second ne souhaite pas augmenter les allocations pour les enfants et la formation. Stéphane Peiry s’inscrit néanmoins davantage dans la veine d’un certain conservatisme social que son collègue Pierre-André Page, qui était le champion de l’UDC dans la course au Conseil d’Etat il y a cinq ans.

En face, le tir est davantage groupé. Les trois candidats socialistes sont ainsi unanimes sur plus de trois quarts des dossiers. Jean-François Steiert se révèle toutefois légèrement plus libéral que ses deux camarades, par exemple sur la question de la prolongation des heures d’ouverture des entreprises gastronomiques.

Quelques divergences

Le questionnaire réalisé par Smartvote montre cependant que l’esprit d’indépendance dont se prévaut la verte Marie Garnier est confirmé par les statistiques. La Villaroise s’affiche ainsi nettement plus au centre que ses camarades de l’Alliance de gauche.

Globalement, elle est sur la même longueur d’onde que les Verts fribourgeois dans 75% des cas, mais elle s’éloigne de la ligne de son parti sur certains thèmes. Notamment les questions sécuritaires: Marie Garnier est par exemple favorable à l’élargissement des compétences en matière de surveillance téléphonique ou électronique (à noter que les Verts suisses s’étaient prononcés contre la nouvelle loi sur le renseignement, acceptée par la population suisse le 25 septembre dernier). Elle est également pour une police cantonale plus présente afin de maintenir la sécurité publique.

Mais les divergences les plus importantes entre Marie Garnier et ses partenaires socialistes concernent l’immigration. Contrairement aux Verts fribourgeois et au PS et comme une majorité des candidats de droite, la verte soutient un durcissement des procédures de naturalisation et s’oppose au droit de vote des étrangers au niveau cantonal. Elle n’adhère pas non plus à l’un des grands combats du parti socialiste: le salaire minimum.

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